Commandé par un prince mélomane, cet Orfeo de Monteverdi est, historiquement, fondateur de l’opéra en tant que récit chanté, à la suite de l’Euridice de Renuccini et Peri. Créée en février 1607 à Mantoue, l’œuvre établit son compositeur dans cette forme nouvelle de théâtre musical, où même le dialogue est mis en musique. Pour son […]
Commandé par un prince mélomane, cet Orfeo de Monteverdi est, historiquement, fondateur de l’opéra en tant que récit chanté, à la suite de l’Euridice de Renuccini et Peri. Créée en février 1607 à Mantoue, l’œuvre établit son compositeur dans cette forme nouvelle de théâtre musical, où même le dialogue est mis en musique. Pour son premier drame lyrique, Monteverdi embrasse plusieurs modes vocaux, du madrigal à l’air de cour, de l’arioso à l’air de ballet, et du récitatif à l’air pastoral, qu’il refond en un style unique. Avec le compositeur italien, la musique est bien plus qu’un simple accompagnement, elle caractérise chaque personnage, réapparaît sous forme d’un leitmotiv, déploie ses couleurs comme des étendards et impose son rythme, sa modulation et son phrasé autant d’originalités sur lesquelles se fonde l’opéra occidental. Loin d’appartenir à une rhétorique du passé, le thème d’Orphée a été repris par de nombreux compositeurs. On songe à l’Euridice de Jacopo Peri, à l’Orphée aux Enfers d’Offenbach ou à l’Orphée de Philip Glass. Oublié jusqu’au début de ce siècle, l’Orfeo de Monteverdi connaît un regain d’intérêt dans des arrangements parfois malheureux on souhaite mettre Monteverdi au goût du jour… et des instrumentations originales par, entre autres, des compositeurs et des chefs tels que d’Indy, Malipiero, Respighi, Leppard et Maderna. Nikolaus Harnoncourt a enregistré il y a vingt-huit ans une version mémorable de l’Orfeo (avec Cathy Berberian dans le rôle de l’Espérance et de la Messagère), mais cette interprétation nouvelle, menée par Gabriel Garrido (chercheur et spécialiste du répertoire baroque et latino-américain), est d’une cohésion remarquable. De l’allégresse éclatante du Prologue où en quelques minutes les cuivres rutilent dans un éventail de couleurs à rendre jaloux Berlioz, Bruckner et Stravinsky réunis à l’expression sombre, douloureuse et solitaire d’Orfeo à l’acte III (l’air « Esprit puissant et divinité redoutable »), musiciens et chanteurs excellent dans cet art subtil d’un théâtre où musique et drame ne font qu’un.
Claudio Monteverdi, Orfeo Torres, Fernandez, Kiehr, Banditelli, Abete, Coro Antonio Il Verso, Ensemble Elyma, direction Gabriel Garrido (K 617/Média 7)
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