Grand manitou du son concret, Pierre Henry proposait à la fin de l’an dernier, pendant six semaines, à l’invitation du Festival d’Automne à Paris, Intérieur extérieur, une visite sonore dans le XIIème arrondissement, à son domicile. Chacun pouvait déambuler d’une pièce à l’autre, de la cour au grenier, de la cuisine au studio, etc. […]
Grand manitou du son concret, Pierre Henry proposait à la fin de l’an dernier, pendant six semaines, à l’invitation du Festival d’Automne à Paris, Intérieur extérieur, une visite sonore dans le XIIème arrondissement, à son domicile. Chacun pouvait déambuler d’une pièce à l’autre, de la cour au grenier, de la cuisine au studio, etc. les sons fusaient d’un lieu à l’autre, entre les machines et les objets-sculptures façonnés par le compositeur. « On était loin du concert bourgeois du XIXème siècle. Les gens faisaient connaissance avec mon univers, se promenaient dans les pièces où étaient installées des enceintes. Au total, il y avait environ quatre-vingts enceintes dans la maison. J’étais derrière ma console et j’orchestrais ce travelling dans les sons. Les gens se baladaient, se parlaient, il y en avait même qui étaient couchés sur mon lit… » Fasciné par l’étrange, Henry aime comparer la musique actuelle à de la science-fiction, une chose futurible, pour reprendre le mot de Boris Vian. Pour Intérieur extérieur, le compositeur n’a eu qu’à puiser dans une immense encyclopédie sonore sa sonothèque des sons enregistrés, traités, puis répertoriés selon un classement évaluant forme, densité et durée. Sollicité dans les années 70 par un groupe de rock, Spooky Tooth pour l’album Ceremony, Pierre Henry s’est attaché cette fois-ci les services de Violent Femmes pour Intérieur extérieur, qu’il remercie « de lui avoir prêté quelques sons ». Çà et là, une parole (Premonition) et un accord de guitare (Etranglement, Etouffement) de Gordon Gano surgissent, la batterie métronomique de Guy Hoffman se contorsionne (Agitation), dynamisés par les manipulations multiples d’Henry, et secoués par une nature bruissante et rebelle, qui ruisselle, tonne au loin et explose sous la forme d’un orage. Dans Respiration, ce sont les miaulements d’un chat qui ponctuent l’air ; sourire en coin, le compositeur y dessine insidieusement le rythme d’une chanson irrévérence suprême pour une musique contemporaine ! Intérieur extérieur se clôt en beauté sur un Ciel fantasmagorique et quasi silencieux. Les bruits sauvages d’Intérieur ont disparu et lèvent le voile d’Extérieur sur un éden enchanteur, seul le cri d’un oiseau de nuit perce l’obscurité paisible.
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