Tout le monde a commenté l’info mais personne n’a remarqué que ce n’était pas Pete Doherty sur la photo de une…
Lundi 21 septembre au matin, Twitter s’emballe en même temps que les kiosquiers de toute la région parisienne. « Pete Doherty habite à Melun ! ». L’information exclamative s’affiche en couverture de l’édition seine-et- marnaise du quotidien Le Parisien et résonne rapidement sur Twitter, Instagram, Facebook et dans les commentaires sarcastiques des conversations de bureau.
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« J’ai halluciné quand j’ai vu ma tête en une du Parisien »
Tout le monde reprend l’info, sans remarquer que la personne photographiée marchant tête baissée, mégot à la bouche, n’a rien à voir avec Pete Doherty. Il s’agit en réalité d’Andy Picci, un jeune étudiant à la double nationalité (suisse et italienne) qui vient de terminer sa maîtrise en Fine Arts dans une université londonienne. Contacté par Les inRocKs, le jeune homme qui a lui aussi quitté Londres pour s’installer à Paris, revient sur les circonstances de la méprise, qui doivent autant à la pure coïncidence qu’à son implication dans l’art appropriatif :
« Je viens de terminer mon Master et je suis en train de m’installer à Paris. Cette photo date d’il y a deux ans, j’avais complètement oublié cette histoire. J’étais sorti me promener au bord de la Tamise à Londres quand plusieurs paparazzi se sont précipités autour de moi pour m’encercler. J’ai rapidement compris qu’ils me prenaient pour Pete Doherty car on a le même style vestimentaire et mes potes me vannaient parfois sur cette ressemblance. J’ai d’abord joué le jeu devant les appareils photos puis je leur ai dit que je n’étais évidemment pas Pete Doherty ! J’ai halluciné quand j’ai vu ma tête en une du Parisien mais je vois ça comme l’accomplissement de ma démarche artistique car je joue beaucoup sur l’art appropriatif. Ca m’intéresse de mettre en doute tout ce que l’on peut voir sur Internet et sur les réseaux sociaux »
…Sinon, aujourd’hui j’ai fait la couverture du journal Le Parisien . Ils ont juste mal orthographié mon nom. (encore)
Posted by Andy Picci on Monday, 21 September 2015
Avant d’atterrir en une du Parisien, Andy Picci s’était déjà essayé à plusieurs détournements. En récupérant une publicité pour Coca-Cola ou en s’affichant en une du numéro dédiées aux 100 personnalités de l’année de Time Magazine. Mais l’ironie de la situation va plus loin puisque Andy a rencontré Pete Doherty à plusieurs reprises à Londres et à Paris :
« J’avais un pote qui assurait la première partie de ses concerts à l’époque. Je l’ai rencontré plusieurs fois mais on n’a jamais évoqué cette prétendue ressemblance. Il ne m’a jamais fait la remarque en tout cas. J’espère que je suis un peu mieux que lui (rires). En tout cas je n’habite pas à Melun. »
Pete Doherty habite bien Melun
Gentiment moquée par Brain Magazine, la méprise iconographique du Parisien a un effet pervers. Celui de mettre en doute l’information de base révélée par le quotidien. Sur Twitter, certains personnes pensent que l’information principale de l’article est erronée sur la simple base de l’erreur de photo. Pourtant Pete Doherty habite bien Melun.
Contacté par Les inRocKs, Stéphane Albouy, directeur des rédactions du Parisien précise qu’il n’y a aucun doute possible sur l’information :
« On a rencontré Pete Doherty lors du festival Rock en Seine. On a passé du temps avec lui et l’information qui ressort de l’interview est vraie. Pete Doherty habite Melun avec sa nouvelle compagne. Il y a simplement une erreur d’illustration sur la photo choisie pour la une départementale. Pour ce genre de photos, comme la plupart des médias, on se retourne vers des agences, et on tape Pete Doherty dans leur moteur de recherche. Cette image est d’ailleurs disponible avec la légende « Pete Doherty » dans les bases de données de quatre agences différentes : Sipa, Abaca, Visual et KCS ! Effectivement, la personne qui marche regard baissé n’est pas le chanteur britannique mais la ressemblance est troublante ».
Andy Picci est conscient que ce genre d’imposture peut semer le trouble entre information et désinformation.
« Je voulais montrer à quel point les gens sont crédules mais je n’imaginais pas pareil accomplissement. Ce qui est fou c’est qu’à cause de cette erreur de photo, certaines personnes en viennent carrément à douter de l’article. »
Pour l’artiste qui se décrit comme un « Dandy Anartist » sur sa page Facebook, ce genre de détournements doit aussi servir à « alerter sur l’interprétation que les gens font de deux éléments distincts, mais pas forcément contradictoires. » Résumé : si Pete Doherty n’était pas en une du Parisien lundi matin, il a bien déclaré qu’il habitait Melun.
Par Azzedine Fall
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