Après avoir composé les merveilles toujours intactes de deux premiers albums tenus ici en haute estime (Secrets of the I-Ching et le petit Human conflict number five), puis quelques fulgurances sur le troisième The Wishing chair, John Lombardo abandonna ses 10 000 Maniacs aux mains seules de Natalie Merchant l’apparence d’une poupée mais la […]
Après avoir composé les merveilles toujours intactes de deux premiers albums tenus ici en haute estime (Secrets of the I-Ching et le petit Human conflict number five), puis quelques fulgurances sur le troisième The Wishing chair, John Lombardo abandonna ses 10 000 Maniacs aux mains seules de Natalie Merchant l’apparence d’une poupée mais la poigne et les ambitions d’un ogre. En limant toutes les aspérités, en retirant toutes les échardes, elle en fit un groupe banal et donc populaire, avant de l’abandonner pour une carrière solo à l’intérêt non-identifié. Le vieux chien ainsi oublié sur le bord de l’autoroute de la gloire ne chercha jamais à remordre le succès. En compagnie d’une nouvelle chanteuse, Mary Ramsey voix jumelle de Natalie Merchant, le mystère en moins , il continua de faire son noble métier : écrire encore et toujours ces chansons de pop-folk ombrageuse qu’il taillait à même le bois aux premiers jours des 10 000 Maniacs. Pendant quelques années, il les enregistra sous le nom de John & Mary, sur deux albums à la simplicité belle à mourir, avec quelques amis sûrs : Alex Chilton, Bob Wiseman (Ron Sexsmith, Eugene Chadbourne) ou la grande Mary Margaret O’Hara. Sur Victory gardens et The Weedkillers daughter, il réanimera ainsi la grâce et les climats énigmatiques de Secrets of the I-Ching. En artisan, loin du monde des réalistes, ces peine-à-jouir des oreilles. Aujourd’hui que Natalie Merchant a abandonné la maison 10 000 Maniacs après l’avoir redécorée moderne-plouc , John Lombardo reprend possession des lieux. Et ne s’y sent plus, à l’évidence, chez lui. Il se cogne contre les murs trop droits, glisse sur les parquets trop cliniques montés en son absence par son ancienne colocatrice. Sur quelques chansons écrites au grenier (Girl on a train, A Room for everything), il réussit pourtant à redonner au foyer son souffle bucolique d’antan. Mais quand il se met en tête de reprendre du Roxy Music (More than this), de se soumettre à la dictature des radios ou de s’acoquiner avec Fred Maher (Lou Reed, Luna), on a soudain des envies d’ordonner une expropriation. Comment peut-on quitter une bicoque dans les bois pour un pavillon au confort standard ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}