Le jury de cette édition inégale et hétéroclite a mis le cinéma latino-américain à l’honneur.
Le jury de la Mostra, présidé par le Mexicain Alfonso Cuarón, a récompensé du Lion d’or et du Lion d’argent un film vénézuelien et un film argentin… El Clan (l’argentin) n’est pourtant pas le meilleur film de Pablo Trapero, et Lorenzo Vigas, dont Desde allà, qui n’est pas dénué de qualités, joue quand même dans une division inférieure à celle de grands cinéastes comme Alexandre Sokourov ou Jerzy Skolimowski…
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Deux grands maîtres
Le vieux lion polonais prouve en effet une fois de plus sa maîtrise cinématographique. Avec 11 minutes, il raconte onze minutes dans la vie de quelques individus, qui se termineront par un drame. Présenté sous des angles différents, avec des retours en arrière magistraux qui ne perdent jamais le spectateur, 11 minutes est un chef-d’œuvre formel, avec un travail sur le son et sur l’image vraiment impressionnant, jusqu’au bouquet final…
Mais c’est aussi un film punk. “No future”, semble s’exclamer Jerzy Skolimowski, qui ne laissera de chance à aucun de ses personnages, plus coupables les uns que les autres… C’est un peu ce qui nous empêche de nous extasier totalement devant ce film où le cinéaste se pose en justicier…
Le Sokourov, Francofonia, est un joli film. C’est l’histoire des deux hommes qui sauvèrent les œuvres du Louvre après l’invasion de l’armée allemande en 1940. Un Français (Louis-Do de Lencquesaing, méconnaissable), et un officier allemand : Jacques Jaujard, directeur du musée, et le comte Franz Wolff-Metternich, chef de la commission pour la protection des œuvres d’art. Deux amoureux de l’art, mais aussi deux honnêtes hommes qui menèrent la mission qu’ils s’étaient fixée comme si elle était banale, normale, et que Sokourov semble filmer avec plaisir.
De belles surprises
Jolie surprise, Anomalisa, le nouveau Charlie Kaufman (et Duke Johnson), l’ex-scénariste de Spike Jonze et Michel Gondry, qui a reçu le Grand Prix du jury pour cette œuvre originale (un film d’animation à l’ancienne, avec des poupées), drôle et dépressive, charmante.
Totalement inconnu de nos services à ce jour, le Turc Elmin Elpir a remporté un Prix spécial du jury bien mérité avec Abluka (Frenzy). Cette allégorie kafkaïenne de la Turquie contemporaine est un film très bizarre, désespéré, drôle, tragique. Et maîtrisé de bout en bout.
Mais notre chouchou est le nouveau film de Marco Bellocchio, Sangue del mio sangue, le film le plus libre que nous ayons vu ici. Divisé en deux parties distinctes, il commence au XVIIe siècle par une histoire de sorcière dans un couvent et se poursuit de nos jours dans ce même couvent, désormais abandonné, devenu l’antre d’un vieux comte vampire… Œuvre tragi-comique, picaresque, insensée, ironique et déchirante.
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