Le leader de Syriza a réussi son audacieux pari. Malgré le départ de son aile gauche, Tsipras a remporté une large victoire ce dimanche aux élections législatives.
Il ne faut pas croire les oracles grecs. En remportant avec la manière, sa troisième élection de l’année, Aléxis Tsípras a déjoué les sondages qui lui prédisaient une victoire très difficile. Ce dimanche, Syriza l’a emporté très largement avec 35,4% des voix devant le parti conservateur, Nouvelle démocratie, 28%. A Athènes, sur la place Klafthmonos, la place “des gens qui pleurent”, on entendait des applaudissements et des cris de joie.
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Apres un début de soirée un peu tendu, l’ambiance se réchauffe pic.twitter.com/3rmWs9TbtV
— David Doucet (@Mancioday) 20 Septembre 2015
En fin de soirée, les bras levés et les manches de sa chemise blanche rabattues, Tsípras, les yeux cernés, est venu saluer ses militants à l’issue de cette bataille de haute lutte. Lâché par son aile gauche qui a créé un nouveau parti (Unité populaire), l’ancien militant des Jeunesses communistes a réussi son audacieux pari. Avec le parti de droite souverainiste des Grecs Indépendants (Anel), Tsípras obtient la majorité lui permettant de former un nouveau gouvernement de coalition, tandis que ses anciens camarades resteront en dehors du parlement. Faute d’avoir réussi à dépasser le seuil des 3%. Tsípras bénéficie d’un nouveau mandat de quatre ans pour sortir la Grèce des difficultés.
« Syriza est devenu un parti centriste »
Syriza porte malgré tous les stigmates de cette campagne. De grandes figures du mouvement ont claqué la porte. C’est le cas de Zoé Konstantopoulou, la présidente du parlement grec et de Manólis Glézos, le héros de la résistance qui avait décroché le drapeau nazi au sommet de l’Acropole d’Athènes, le 30 mai 1941. Une grande partie de la jeunesse de Syriza a également choisi de lever le camp. Selon nos informations, plus de 70% des jeunes sont aujourd’hui partis.
Délesté de son aile gauche, Tsípras, va pouvoir « recentrer son parti » sur les ruines du PASOK, l’ancien parti socialiste grec devenu groupusculaire. C’est du moins ce que croit, Evangelos, un militant de 76 ans qui côtoie Tsipras depuis 2 décennies. « Je suis un vieux militant politique et je me souviens d’Andréas Papandréou (le fondateur du PASOK et ancien premier ministre grec). Aujourd’hui Tsípras lui ressemble et il a des phrases et des gestes du corps similaires ». Et Evangelos d’enlasser ses bras en guise de démonstration : « Il salue la foule comme le vieux Papandréou ». En pointant du doigt dans la rue des militants d’Unité Populaire, il commente : « Cette aile gauche, bloquait sans doute l’arrivée d’autres membres du PASOK. Ce sont vraiment des gens d’extrême gauche sectaires qui sont contre l’union européenne ». Selon un récent sondage, près de 80% des Grecs restent attachés au maintien dans la zone Euro. La victoire de Tsipras ce dimanche valide donc son spectaculaire volte-face et son choix de signer ce troisième plan d’austérité.
Une victoire à la dimension européenne
« Il y a un grand décalage entre le nombre de cadres qui sont partis ou qui sont déçus et les électeurs qui continueront à nous supporter même sans enthousiasme, conclut pragmatique, Geórgios Katroúgalos, ex-ministre du travail d’Aléxis Tsípras. « Durant 7 mois et demi, nous avons essayé de protéger les plus faibles. On a fait voter une loi humanitaire avec effet immédiat, rétabli le courant électrique dans de nombreux foyers. Et nous avons lancé un combat contre la corruption avec un ministère de l’évasion fiscale. Ce n’est pas rien! ». Et Katroúgalos d’ajouter que le combat se situe aujourd’hui à l’échelle européenne : « Sans Syriza, il n’y aurait peut-être pas eu Podemos ou Jeremy Corbyn en Grande-Bretagne. Notre victoire résonne dans tout le continent ! Il est temps de bâtir une autre Europe ! ».
Les militants de Syriza déploient un grand drapeau « l’altra Europa » et crient « Syriza, Podemos, venceremos » pic.twitter.com/FVn0YZB3hx — David Doucet (@Mancioday) 20 Septembre 2015
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