S’adonnant au périlleux exercice du premier album, auquel beaucoup de houseux ne survivent pas, Isolée (alias Rajko Müller, petit maître teuton) se retrouve à des altitudes vertigineuses, survolant la mêlée aux pieds encastrés dans le dancefloor, en surplace quasi-obligatoire. Les treize morceaux de Rest forment un tout inespéré, véritable forteresse électronique à l’intérieur de laquelle se forgent […]
S’adonnant au périlleux exercice du premier album, auquel beaucoup de houseux ne survivent pas, Isolée (alias Rajko Müller, petit maître teuton) se retrouve à des altitudes vertigineuses, survolant la mêlée aux pieds encastrés dans le dancefloor, en surplace quasi-obligatoire. Les treize morceaux de Rest forment un tout inespéré, véritable forteresse électronique à l’intérieur de laquelle se forgent des croisements improbables entre dub, house et techno, avec par moments quelques éclairs aux couleurs de Steve Reich. Plus que toute autre chose, Rest intrigue et séduit : par ses rythmes à la fois impeccables et légèrement déjantés, par ses belles harmonies de contrefaçon, sans doute glanées sur les touches distordues de claviers analogiques préhistoriques, par ses atmosphères sensuelles de cabaret virtuel. Le traitement des voix, enfin, fascine : loin des clichés garage et de leurs putassiers samples vocaux, Isolée livre des voix mécaniques mais singulières, toutes robotiques, pareilles aux vocalises imaginaires de cyborgs enroués rêvant de moutons mécaniques. Il faut écouter, au hasard, Keep on dancin, avec son beat synthétique et ses voix de pacotille qui figurent un improbable duo franglais anthologique. Il faut surtout se laisser envahir par cet album, qui regorge de surprises, de digressions, de ralentis improbables, de détournements intelligents. A l’intérieur de la pochette, deux mots : al moustaqbal, c’est à dire, en arabe : le futur. Exactement.
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