Organisé par l’association Velours, le Boom Bap Festival prenait d’assaut, dimanche 30 août, la capitale champenoise Reims. De quoi faire disjoncter les caves de Champagne les plus réputées, mais surtout fédérer le tissu associatif local.
Cette année, c’était différent. Alors que le Boom Bap Festival, dédié aux culture urbaines, fait généralement groover la capitale du Champagne chaque année à la fin du printemps, 2015 marque une nouvelle étape : « Nous avons choisi de transformer le festival annuel en biennale, indique Arnaud Bassery, fondateur de l’association Velours, organisatrice de l’événement. Cela nous permet d’avoir un déroulé plus travaillé, de disposer de davantage de contenu et d’avoir un impact plus important au niveau local ». De fait, la Block Party, qui clôt traditionnellement le festival a été détachée, et dispose désormais d’une existence autonome, comme un satellite de la biennale.
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Elle s’est tenue le 30 août dernier à Reims, inondant les artères de la capitale champenoise de musique, de danse ou d’arts graphiques, convoquant dans son sillage les associations les plus dynamiques de la région. « Cette Block Party, c’est un peu le off de la biennale, une carte postale qui en résume l’esprit, une version synthétique », analyse le co-fondateur de Velours, Thibaud Rolland.
Velours voit plus loin qu’une simple série de concerts
Durant toute la journée, se sont ainsi succédés sur la Place du Forum de Reims concerts, expositions, performances, battle de danse, de skate ou arts visuels, fédérant le terreau associatif local. Mais à l’image de la performance « 28 800 cm² », qui rassemble 8 blocs de bétons monumentaux repeint par des artistes (Charles Neubach, Iemza, Thomas Venet, Bmz…) avant de partir voyager dans des lieux qui n’ont rien à voir avec la culture urbaine, Velours voit plus loin qu’une simple série de concerts, qu’un festival de rap : « L’idée, c’est d’aller au-delà de ce qu’on appelle classiquement la « culture urbaine », de la détourner puisqu’elle est elle-même bien souvent une culture du détournement. Ces blocs de béton, après la Block Party seront installés dans un lieu qui n’a aucun lien apparent avec leur sujet : en l’occurrence, un palace de la région », indique Arnaud Bassery.
Exit, donc, les cultures urbaines « tradi » qui servent régulièrement, à travers toute la France, de caution populaire à des mairies en décomposition. A Reims, c’est la culture tout court qui investit la ville.
« Nous cherchons à fédérer un tissu culturel local »
En prenant possession de l’espace public à travers une série de propositions aussi sauvages qu’esthétiques, Velours surprend son propre territoire mais, surtout, le fédère. Pas un habitant de l’agglomération, pas un commerçant, pas un seul danseurs, rappeur ou skateur ne peut passer à côté de l’événement :
« C’est en partie le but. On ne fait pas un festival dans notre coin, car les retombées économiques sont conséquentes. Nous cherchons à fédérer un tissu culturel local. Si nous sommes des experts en musique et que nous gérons totalement la programmation musicale – qui rassemblait cette année rien moins que DJ Cam, la fanfare américaine Youngblood Brass Band, la rappeur belge Coelly et une poignée de DJ locaux, NDLR -, nous faisons aussi appel au dynamisme des associations locales en ce qui concerne la danse, le streeball ou le graffiti ».
Dont acte : en collaborant invariablement avec le Manège (scène nationale de Reims), la Cartonnerie (Smac locale), les cinémas de la ville et un milliers d’associations qui serpentent à travers la ville, Velours parvient, année après année à fédérer un paysage culturel local qui tranche d’avec l’image de la ville.
« Les cultures urbaines permettent une exploitation totale de l’espace »
Impliquant au passage les commerçants qui en profitent, tout comme les maisons de Champagne, qui collaborent à l’événement, la ville du Champagne et des cathédrales gothiques prend brusquement un nouvel aspect : « Pour sa jeunesse, Reims est une ville qui a un problème d’identité, coincée entre des images un peu « tradi » et un dynamisme culturel bien réel mais qui a parfois du mal à se réaliser. Nous, on veut prendre les rênes de cette image que véhicule notre ville, développer une attractivité nouvelle. Et, au bout du compte, attirer un public et un tourisme différents. Les cultures urbaines permettent une exploitation totale de l’espace, elles sont un atout majeur, d’autant qu’elles sont solidement implantées sur le terrain local », termine Arnaud Bassery.
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