Il faut encore une fois apprendre à désapprendre. Ween n’est plus ce fleuron de l’alternatif américain qu’on a connu jadis, cette bande de slackers touche-à-tout et surdoués qui semaient la zone sur MTV avec des titres régulièrement dissemblables. On imagine, le sourire aux lèvres, les pontes de la célèbre chaîne musicale s’étrangler de rage impuissante […]
Il faut encore une fois apprendre à désapprendre. Ween n’est plus ce fleuron de l’alternatif américain qu’on a connu jadis, cette bande de slackers touche-à-tout et surdoués qui semaient la zone sur MTV avec des titres régulièrement dissemblables. On imagine, le sourire aux lèvres, les pontes de la célèbre chaîne musicale s’étrangler de rage impuissante à chaque apparition du groupe sur leurs ondes, devant se résigner à voir le duo toiser avec une morgue assurance leurs collègues formatés quand eux faisaient l’âne, dans tous les sens du terme. Cette tendance naturelle à faire (lo)fi des conventions leur avait valu l’honneur suprême d’apparaître dans un épisode de South Park (Chef Aid pour les accros). Pleurez, fans de la première heure, car le biblique chiffre « sept » a été fatal à l’audace de Ween. Les pontes de MTV peuvent se réjouir : Ween s’écrit désormais Win. On savait qu’il leur manquait une case, mais ils l’ont malheureusement retrouvée et pire encore, ils sont rentrés dedans. Produit sur une autoroute multipistes, White pepper n’a plus les défauts chérissables de ses prédécesseurs. Ce qui est triste, c’est qu’on ne peut pas en dire du mal : s’il s’agissait-là d’un nouveau groupe, on serait même assez tenté d’encenser cette écriture pop classique et luxuriante. Désormais nettement orienté pop, Ween se permet d’humilier McCartney à plusieurs reprises (Even if you don’t, Flutes of chi, Stay forever). Pandy fackler sonne à s’y méprendre comme Steely Dan. C’est ça qui est rageant. Ween a un tel talent d’écriture que lorsqu’il décide de sortir un album de pop proprette et bien mise, présentable à toute la famille, il éclipse quasiment toute concurrence. Mais quid du grain de folie ? Le seul dérapage de l’album (le furieux Stroker ace) est tellement contrôlé que les airbags n’ont même pas le temps de se déclencher. Le précédent album studio du groupe s’intitulait The Mollusk. Tristement prémonitoire.
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