Gil Shaham Vivaldi, Les Quatre saisons, Orpheus Chamber Orchestra (Deutsche Grammophon) Sous son archet, même Les Quatre saisons de Vivaldi reprennent du génie. Un exploit. La petite fabrique de génies a encore frappé. Comme nombre de ses jeunes confrères, Gil Shaham est un pur produit de la Juilliard School de New York, cet atelier unique […]
Gil Shaham Vivaldi, Les Quatre saisons, Orpheus Chamber Orchestra (Deutsche Grammophon)
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Sous son archet, même Les Quatre saisons de Vivaldi reprennent du génie. Un exploit.
La petite fabrique de génies a encore frappé. Comme nombre de ses jeunes confrères, Gil Shaham est un pur produit de la Juilliard School de New York, cet atelier unique où (sous la houlette de Mme Dorothy DeLay) l’on fabrique du violoniste comme du bon pain. Heureusement, Shaham est plutôt un génie du genre Einstein, qui tire la langue et ne semble pas totalement sorti des limbes de l’adolescence, malgré ses 24 ans. S’il consacre son dernier disque aux sempiternelles Quatre saisons (ben tiens…), on veut croire que c’est par passion plus que par opportunité commerciale. On veut le croire à tout prix, malgré le battage médiatique dont Deutsche Grammophon a cru bon d’entourer cette parution (vidéo, T-shirt, ne manque que la casquette de base-ball : Shaham en est friand). On veut le croire d’autant plus que le bonhomme a du talent, et qu’il caresse ces Saisons d’un archet volubile et taquin qui force l’admiration. On le croit, enfin et surtout, en vertu d’une discographie jusque-là impeccable, où voisinent morceaux obligés (Bruch Sibelius…) et choix plus personnels (Paganini…). Gil Shaham n’est-il pas l’homme qui a su révéler au disque les concertos de Barber et de Korngold, dans ce qui demeure l’un des disques les plus inattendus et étincelants de 1994 ? Mieux : c’était l’un des disques les moins prétentieux qui soient sonorité lumineuse et technique au cordeau mises au service d’une musique réputée « facile »… Pas facile de se démarquer dans la cohorte des nouveaux violonistes, et la force de Shaham pourrait bien être dans ces manières d’éternel dilettante, cette façon joviale de tenir la musique pour plus importante que le violon. Entre ses mains, le violon n’est qu’un jouet, même si c’est un Stradivarius. « Un instrument de 1699… Plus la TVA. Mais pour vous je le fais à 1599, OK ? On fait trop d’histoires avec les violons. Je ne sais pas si vous êtes déjà allé à une cocktail party de violonistes, on se croirait à une réception entre mafieux. Du genre « Sacha, je te présente Gricha (…Stra-di-va-rius !) » C’est toujours la première question que l’on me pose : vous jouez quoi comme violon ? Cela dit j’en suis très content. C’est un violon qui a appartenu à la comtesse de Polignac, avant de passer dans les mains de la maîtresse de Benjamin Franklin. Il aurait sûrement beaucoup d’histoires à raconter. » Gil Shaham est un blagueur. Il a dû apprendre ça à la Juilliard. Ces gens-là sont vraiment trop forts.
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