Avec ou sans images, le rock racé de New-Yorkais ennemis de la frime.
Dès leurs débuts en 2001, les Américains de The National se sont sentis chez eux en France. Et s’ils remplissent aujourd’hui aussi bien le Bowery Ballroom à New York (leur ville d’adoption) ou le Shepherds Bush Empire à Londres que l’Elysée Montmartre à Paris, Matt Berninger et les siens ont gardé des liens privilégiés avec ceux qui les suivaient déjà quand ils écumaient les salles les plus modestes de la capitale. On n’est donc pas surpris de retrouver Mathieu Saura, alias Vincent Moon, réalisateur des “Concerts à emporter” sur le site La Blogothèque et fan de la première heure, au générique de ce DVD. A Skin, a Night lui permet de décliner sur un format d’une heure l’approche bruteet spontanée de ses courtes vidéos pour le net, bien loin des documentaires promotionnels et proprets des chaînes musicales et des concerts (sur)filmés à vingt-cinq caméras.
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Mêlant scènes captées en coulisses et séances d’enregistrement du dernier album du quintet (Boxer, 2007), Moon semble vouloir démythifier une bonne fois pour toutes le rock et ceux qui le font : dans ce film impressionniste et fragmentaire, les membres de The National évoquent surtout leur angoisse avant de monter sur scène et leurs années de vaches maigres. Formellement, A Skin, a Night est tout aussi surprenant : couleurs désaturées à dominante verdâtre, chansons livrées par bribes et mixées avec des sons ambiants,propos des musiciens enfouis sous la musique (on conseille vivement les sous-titres anglais optionnels), plans de bâtiments et de routes tirant vers l’abstraction graphique…
Un bonheur n’arrivant jamais seul, le DVD est accompagné du Virginia EP qui, malgré son appellation diminutive, rassemble pas moins de douze morceaux. Inédits, faces B, demos, prises live et reprises (Mansion on the Hill de Springsteen, beau à pleurer) qui viennent rappeler la grandeur tranquille de ce groupe aussi modeste qu’essentiel.
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