Lors du débat pour l’investiture républicaine ce mercredi 16 septembre, l’ancienne patronne licenciée de Hewlett Packard a gagné des points en répondant avec aplomb à Donald Trump, toujours grand favori des sondages.
Pour la deuxième fois consécutive, Donald Trump était au centre du plateau. Mercredi 16 septembre avait lieu le deuxième débat de la primaire républicaine américaine, entre les 15 candidats à l’investiture (quatre « petits », très bas dans les sondages et onze « grands », censés avoir une chance de l’emporter) en vue de l’élection présidentielle de 2016.
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Le milliardaire, grand favori des sondages et véritable usine à insultes, a comme à son habitude monopolisé l’attention du public et multiplié les piques à l’encontre de ses adversaires. Mais l’une d’entre eux ne s’est pas laissé faire. Carly Fiorina, seule femme au milieu d’une ribambelle de costards noirs, est largement sortie du lot, comme l’a relevé la correspondante du Figaro aux Etats-Unis : « L’ancienne patronne de Hewlett Packard, l’air résolu et grave, la voix claire et la formule économe, n’a pas ménagé ses coups contre le milliardaire Donald Trump », a-t-elle écrit.
Le plus gros coup porté contre le magnat de l’immobilier concernait une réponse à une attaque qu’il avait formulée quelques jours plus tôt, critiquant le physique de la femme politique, alors qu’il regardait la télévision avec son équipe de campagne, sachant pertinemment qu’un journaliste du magazine Rolling Stone écoutait ses propos. Alors que la caméra s’arrêtait sur Carly Fiorina, ce dernier avait lancé :
« Regardez ce visage! Qui est-ce qui voterait pour ça? Est-ce que vous arrivez à imaginer que ça, ce soit le visage de notre prochaine présidente? (…) Alors je sais, c’est une femme, je n’ai pas le droit de dire des mauvaises choses, mais franchement les gars. Est-ce bien sérieux? »
« Toutes les femmes du pays ont clairement entendu ce que Mr Trump a dit »
Sur le plateau du débat ce mercredi 16 septembre, le modérateur a ainsi donné l’opportunité à Carly Fiorina de répondre en 45 secondes (les échanges sont minutieusement chronométrés) à cette attaque en donnant son avis sur « la personnalité » de Donald Trump. Elle n’a eu besoin que de sept secondes : « Je pense que toutes les femmes du pays ont clairement entendu ce que Mr Trump a dit« , a-t-elle lancé sans un regard pour son adversaire, engendrant un torrent d’applaudissements dans le public, le plus bruyant de la soirée.
Incapable de répliquer avec autant d’aplomb, le milliardaire s’est défendu en s’écriant « je trouve qu’elle un visage magnifique, et je trouve qu’elle est une femme magnifique! », ce qui a poussé Hillary Clinton, candidate à l’investiture démocrate, à se fendre d’un tweet assassin : « Donald Trump devrait arrêter de complimenter les femmes et commencer à les respecter. »
.@realdonaldtrump should stop complimenting women and start respecting them. #GOPdebate — Hillary Clinton (@HillaryClinton) 17 Septembre 2015
Dans ce type de débat très américain, c’est avant tout à celui qui enverra le plus de punchlines à ses adversaires. A ce petit jeu, Donald Trump excelle, alors qu’un Jeb Bush (le frère de George W. qui stagne dans les sondages malgré son nom et sa fortune familiale) peine à terminer une phrase sans que ses yeux ne s’égarent dans le vide. Carly Fiorina, elle, a montré qu’elle maîtrisait les règles du jeu, notamment en envoyant un bien senti « Je pense que Mr Trump est un excellent amuseur« , sans jamais esquisser un sourire.
Reaction shot: pic.twitter.com/dNpklUEE3o — Huffington Post (@HuffingtonPost) 17 Septembre 2015
Des opinions très conservatrices
Jeudi 6 août, lors du premier débat du parti républicain, l’ex-patronne de Hewlett Packard (de 1999 à 2005) n’était pas assez connue pour avoir le droit d’échanger avec les « grands » candidats. Un mois plus tard, elle est invitée à débattre avec les hommes les plus importants du parti républicain. D’après une analyse du site d’information Vocativ, elle était d’ailleurs au coude à coude avec Donald Trump dans la course au candidat le plus mentionné sur Twitter. Trump a recueilli 139 300 tweets contre 112 400 pour elle. Loin derrière, Jeb Bush n’a attiré que 53 500 gazouillis.
La femme d’affaires, qui a fait toute sa carrière dans le privé, ne s’est pas contentée de petites phrases assassines ; elle a attaqué frontalement Donald Trump sur la gestion de ses trois casinos d’Atlantic City, qui ont fait faillite « à quatre reprises« . « Comment pourrait-on penser que vous allez gérer les finances de cette nation différemment de la manière dont vous avez géré vos casinos? », a attaqué Fiorina. Trump lui a alors rappelé le bilan de ses années au sein de Hewlett Packard (« cette compagnie est un désastre« ), dont elle est partie avec un parachute doré de 42 millions de dollars.
Contrairement à Trump, qui a affirmé en juillet dernier qu’il « s’entendrait très bien avec Vladimir Poutine », Carly Fiorina s’est montrée très agressive concernant les relations entre les Etats-Unis et la Russie: « Je ne parlerais pas à Vladimir Poutine, nous lui avons déjà beaucoup trop parlé« , a-t-elle lancé dans une tirade aussi impressionnante sur la forme qu’inquiétante sur le fond, mentionnant notamment qu’elle relancerait, si elle était élue, le programme de défense antimissile en Pologne et enverrait des troupes américaines en Allemagne et d’autres « s’entraîner dans les pays baltes« .
Car l’ancienne directrice de Hewlett Packard reste avant tout une conservatrice qui assume ses opinions droitistes, de sa résistance au mariage entre couples de même sexe à son opposition à l’avortement en passant par son insistance pour davantage de contrôles aux frontières avec le Mexique.
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