La présidente du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD) Marie-Arlette Carlotti a annoncé que la France disposait de plus de 77 000 logements sociaux vides qui pourraient largement accueillir le nombre de réfugiés que la France s’est engagée à recevoir sur son territoire.
Le nombre est tellement grand qu’il paraît faux. Ce sont pourtant 77 310 logements sociaux qui sont aujourd’hui vacants en France. Marie-Arlette Carlotti, député PS et présidente du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD), l’a affirmé dans une tribune accordée au Plus de l’Obs le 12 septembre dernier. Elle est parue quelques jours après que la France s’engage à accueillir « 24 000 réfugiés supplémentaires en deux ans », conformément au plan de la Commission européenne pour répartir entre les Etats les 120 000 migrants (principalement syriens et érythréens) demandeurs d’asile.
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« C’est un début encourageant, sans doute très en dessous des besoins réels, mais il ne fait aucun doute que notre pays a les moyens de remplir cet objectif avec dignité et responsabilité », a déclaré Marie-Arlette Carlotti à l’Obs.
Comment expliquer qu’une si grande partie du parc social français soit aujourd’hui disponible ? Contacté par Les Inrocks mardi 15 septembre, René Dutrey, secrétaire général de la HCLPD, analyse :
« Ce sont des logements, construits dans les années 60, 70, qui se trouvent dans des secteurs où la demande est faible, dans lesquels l’emploi est parti. Et quand il n’y a plus d’emploi, les logement sociaux deviennent vides. »
Il confirme pourtant qu’aujourd’hui 1,8 million de personnes sont dans l’attente d’un logement social en France. « Mais ils se concentrent dans les grandes villes, en Ile-de-France, à Lyon ou en région Paca », souligne-t-il.
« Je suis d’accord pour dire que la situation est ubuesque. D’autant plus que le problème des réfugiés ne date pas d’hier. »
Mais comme l’écrit Marie-Arlette Carlotti, la mobilisation de ce parc social tout comme la « répartition géographique équilibrée » des migrants déjà présents sur le territoire français n’a jamais eu lieu.
« Avant, il n’y avait pas de photo d’enfant échoué sur une plage« , constate cyniquement René Dutrey. « Je salue vraiment l’action des maires de France qui essaient de faire bouger les choses, mais il est vrai que la seule chose qui est un peu triste, c’est que cette mobilisation générale aurait pu avoir lieu pour l’ensemble des sans-abri et l’ensemble des réfugiés depuis des années. »
L’exemple des réfugiés cambodgiens
Le secrétaire général de la HCLPD prend l’exemple des 120 000 réfugiés que la France avait décidé d’accueillir en 1979, en pleine « crise des boat people » comme l’a récemment rappelé Rue89. A l’époque, le gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, soutenu par les élites intellectuelles de tout bord, avait mis en place un dispositif pour faire entrer en France légalement « 128 531 ressortissants de l’ancienne Indochine, dont 47 356 Cambodgiens » qui fuyaient le communisme.
« Il y avait 3 ou 4 centres de ‘transit’ en Ile-de-France, et ensuite ils étaient répartis sur tout le territoire », raconte René Dutrey. « Aujourd’hui, cette population est complètement intégrée. » Cette mobilisation de la fin des années 1970 avait beau être exceptionnelle, il est difficile de ne pas comparer ces 130 000 migrants accueillis en France il y a 35 ans aux 120 000 réfugiés que l’Union européenne n’arrive pas à répartir entre ses 28 Etats membres.
D’autant plus que l’Allemagne a annoncé dimanche 13 septembre le rétablissement des contrôles aux frontières avec l’Autriche, dépassée par le flux de migrants à peine quelques jours après qu’Angela Merkel avait affirmé pouvoir en accueillir « entre 800 000 et un million » en un an.
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