Portées disparues depuis “Showgirls” de Verhoeven, ces brillances de pacotille reviennent dans le luxe sous forme de bling assumé et émancipateur.
Miley Cyrus a eu une semaine chargée : entre son animation des MTV Video Music Awards où elle a enchaîné les tenues façon trip de LSD, son coming-out pansexuel dans le Elle anglais (ponctué d’un “je change aussi vite de partenaire que de look”) et la mise en ligne gratuite de son dernier album Miley Cyrus & Her Dead Petz (“Miley et ses animaux de compagnie morts”), feu Hannah Montana ne perd pas le nord.
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Elle a compris qu’elle occupait un espace transitoire, provocateur et sien à la frontière de l’enfance et de l’adolescence, de la catastrophe et du génie, du si moche qu’il en devient exaltant. Comment raconter tout ça en un clin d’œil ? En prenant sur la pochette de son CD une expression pop-porn tout en léchant des paillettes. Notre boule de disco lubrique a même réussi à rendre ce maquillage ringard gênant.
Un désir de se faire briller
Pourtant, elle n’est pas la seule à pressentir le retour en force de cet or des fous : la paillette apparaît régulièrement dans l’histoire des sous-cultures, sur le visage de Ziggy Stardust, saupoudré à travers le nanard légendaire Showgirls (Paul Verhoeven, 1995) et dans la culture drag-queen.
Tout comme les cristaux façon Swarovski dans la mode, ce lustrage de pacotille indique un désir de se faire briller en assumant la fausseté de cet expédient : ne parle-t-on pas de “mettre des paillettes dans les yeux” ou de se méfier de “tout ce qui brille” ?
Un coup de bling revendicatif
Aujourd’hui, entre mauvais goût détourné et ornementation outrancière, la paillette fait son grand retour. Style.com annonce son come-back dans les cosmétiques comme dans le luxe, les derniers défilés Rodarte et Carolina Herrera en appliquent sur les visages des mannequins, sur les lèvres ou sur la pointe des cils pour un coup de bling revendicatif.
“Ce sont presque des peintures de guerre, au rôle tribal contemporain, qui marquent les visages de façon clanique. La force de la paillette est d’évoquer simultanément Mon petit poney et l’histoire de l’underground”, analyse la journaliste beauté Valentine Petry.
Une deuxième couche teufeuse et hystérique
De fait, des artistes numériques comme Arvida Byström ou Petra Collins jouent avec le matériau sous toutes ses formes. Ces amazones-kawaii invoquent ainsi les stylos paillettes de la culture high school et le maquillage de raves – deux piliers fantasmatiques clés mais contradictoires des années 90.
Quant à Miley, elle aussi jouit de ce double discours : une première lecture inoffensive attirera l’œil post-Barbie et pré-ado de ses fans, et les adultes distingueront une deuxième couche teufeuse et hystérique. Notre paon-punk n’a pas fini d’apporter son or véritable à la banque.
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