De passage à Paris, deux des acteurs du film « Straight Outta Compton », en salles mercredi et qui caracole au box-office américain, analysent ce succès.
C’est la surprise de cette fin de mois d’août au box office américain. Straight Outta Compton, le film sur N.W.A., le groupe qui a popularisé le gangsta rap à la fin des années 80, caracole au box-office. Le biopic à la gloire du groupe de Dre, Ice Cube, Eazy-E, MC Ren et DJ Yella, sort en France demain. Jason Mitchell qui interprète Eazy-E et O’Shea Jackson Jr en Ice Cube plus vrai que nature étaient à Paris ces derniers jours. L’occasion de coincer nos deux larrons pour une interview.
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Les chiffres viennent de tomber : vous êtes numéro un du box office avec plus de 110 millions de dollars engrangés. Comment vous sentez-vous ?
O’Shea Jackson Jr – Cela fait du bien ! Lorsque tu es plongé dans ta bulle, tu ne sais jamais comment le monde extérieur va recevoir ton travail. Le fait que les gens apprécient notre dur labeur, qu’ils acceptent ce qu’on a fait, qu’ils l’aiment… C’est exactement ce que tu recherches lorsque tu es un artiste. Je ne parle même pas de la réaction sur les réseaux sociaux. Tout le monde a changé sa photo avec l’application « Straight Outta » ; toutes les personnes sur Twitter comme Magic Johnson ou Oprah Winfrey qui nous ont félicité… C’est tellement agréable. Bien fonctionner au box office est une bonne chose pour des films comme celui-ci. Espérons que les studios vont moins snober ce genre de films et valider plus de projets de ce genre.
Jason Mitchell : S’il n’y avait pas eu des gens comme Ice Cube (producteur du film) , F. Gary Gray (réalisateur) qui ont eu l’idée de monter ce film, mais aussi des gens comme Donna Langley de Universal [la présidente du studio, ndlr] nous ne serions pas là. On leur doit tout ! Aujourd’hui à Hollywood on ne fait pas confiance aux jeunes pour les films. On ne fait pas confiance non plus aux Noirs pour faire des films. Or, nous sommes un casting de nouveaux acteurs inconnus dans un gros film de studio et… On casse la baraque au box office ! Qui l’eut crû ? On avait en plus la lourde tâche de faire un bon film, conforme à la réalité. Beaucoup de gens ont vécu la montée de N.W.A. Par exemple lors d’une de notre rencontre avec le public à Detroit, un gars dans la salle s’est levé pour raconter qu’il était là durant l’émeute lors de leur concert dans la Joe Louis Arena. On n’avait pas le droit de raconter des conneries, c’était vraiment important qu’il y ait de l’authenticité dans ce film.
O’Shea, tu accompagnes ton père sur scène depuis 2010. Qu’est-ce que cela fait d’être sur un grand écran avec la musique de ton père ?
C’est génial. Jouer le rôle, les dialogues c’était un travail. Par contre lorsque j’étais sur scène j’étais vraiment dans mon élément. C’est là où j’étais le plus à l’aise. WC [un rappeur proche d’Ice Cube, ndlr] s’est assuré que je sois carré. Lorsque tu regardes les anciennes vidéos de N.W.A. en concert, Pops [son père, ndlr] bondit sur les enceintes et déborde d’énergie. Tout le reste, la préparation que j’ai du faire, était un défi que je n’avais jamais eu à relever avant. J’ai dû passer une audition pour le rôle comme tous les autres. J’ai passé des auditions durant plus de deux ans.
JM : C’était cool de voir cela. Déjà lorsque tu viens d’un quartier tu ne vois pas beaucoup de relation père-fils. Ensuite on connaît tous plus au moins la personnalité de Cube. Du moins on la connait plus que celle de Dre ou Eazy-E. On le voit dans les films, on connaît sa musique, il n’a pas sa langue dans sa poche… Voir Cube sur le plateau, les yeux émerveillés en train de regarder son fils, c’était une vraie satisfaction et motivation pour nous tous.
Toi, Jason tu viens de la Nouvelle-Orléans. Quel genre de musique écoutais-tu en grandissant ? Comment es-tu parvenu à rentrer dans le personnage de Eazy-E ?
J’étais un fan de Bone Thugs-N-Harmony ! J’ai dû faire beaucoup de recherches et essayer de le comprendre. Juste avoir l’honneur de jouer son rôle est fou. Ils m’ont donné confiance en moi pour que je me sente comme un patron de label comme Eazy-E.
Straight Outta Compton est un film sur N.W.A mais aussi sur une partie de l’histoire des Etats-Unis. F.Gary Gray dans ses interviews insiste sur le fait que qu’il raconte une « histoire américaine ». Qu’est-ce que cela veut dire pour vous le fait que la chanson Fuck Tha Police de NWA soit toujours d’actualité ?
JM : C’est naze ! Tu sais ce qui est encore plus naze ? On a appris que la France avait sa version de Fuck Tha Police. Ce n’est pas juste une histoire américaine. Même si Straight Outta Compton est bien entendu une grande histoire américaine, une histoire du hip-hop et des Noirs, et ce sujet concerne le monde entier. Les policiers et les politiciens du monde entier devraient se sentir concernés. Ce film devrait être pour eux une sorte de miroir. Certains policiers ne sont pas concernés par cela et je les en félicite, mais qu’en est-il des autres ?
OJ. : La police est censée être un service. Elle est censée travailler pour nous les citoyens. Il y a une raison pour laquelle ce n’est pas Fuck The Fire fighters ou Fuck The Paramedics : eux prodiguent un service. La police devrait être dans cette catégorie. A Los Angeles sur la porte de la voiture il est écrit: To Protect And Serve. Mais qui ? Ils devraient être les héros de nos quartiers mais ils sont loins d’être cela. Peut-être qu’un jour les gens n’auront plus envie de dire Fuck The Police. Straight Outta Compton n’est pas un film contre les forces de l’ordre : c’est un film contre les mauvais policiers.
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