Dentelle du Puy. Venu du Puy, un groupe audacieux part en pèlerinage chez Love : psychédélicieux, Minor swing séduit et inspire. Stigmate d’une époque qui ne sait plus lire l’avenir que dans ses propres excréments, préférant les réingurgiter pour se donner l’illusion du mouvement (le fameux re-cycle, aujourd’hui sur toutes les lèvres) plutôt que de […]
Dentelle du Puy. Venu du Puy, un groupe audacieux part en pèlerinage chez Love : psychédélicieux, Minor swing séduit et inspire.
Stigmate d’une époque qui ne sait plus lire l’avenir que dans ses propres excréments, préférant les réingurgiter pour se donner l’illusion du mouvement (le fameux re-cycle, aujourd’hui sur toutes les lèvres) plutôt que de se laisser aller au moindre bouleversement : la musique populaire, et plus précisément le rock, n’en a pas fini de soulager plus bruyamment ses maux d’estomac qu’elle ne célébrera jamais ses génies. Ainsi, de l’effervescence acidulée du Sunset Strip angeleno de la seconde moitié des sixties, la postérité, vieille maquerelle dégueulasse, n’aura ouvert son foutoir qu’à cette grosse limace imbibée de Jim Morrison, claquant la porte au formidable Love d’Arthur Lee. Car au-delà de l’hommage rendu à la plus inspirée des formations issues de la scène psychédélique californienne (sorti en 1966, l’album Da capo souffre encore de n’être que le prologue à demi raté du véritable chef-d’oeuvre de Love, Forever changes), rarement groupe français n’avait réussi à approcher la grâce d’aussi près que Da Capo avec Minor swing. Produits d’une école de l’acrobatie domestique et de l’effet minimal autrefois ingénieurs du son sur les tournées de Diabologum , Alexandre et Nicolas Paugam prouvent ici qu’il est possible de faire Love dans sa cuisine et sa salle de bains sans que jamais l’effort d’imitation ne vienne crisper la fluidité du mouvement. Equilibre fragile, sans cesse courtisé jamais vraiment menacé par ses (trop) bonnes intentions (texte en anglais exclusivement, phrasé parfois emphatique), la vraie réussite de ce premier album ambitieux réside autant dans la force de ses mélodies que dans sa formidable capacité d’évocation. Celle d’une beauté d’un autre âge qui figerait l’auditeur dans les pantalons trop larges du Noodles d’Il était une fois en Amérique zieutant sa jeune voisine Deborah, vêtue d’un tutu hérité de sa mère, dansant dans la lumière pâlotte de la remise d’un restaurant. Mais si les trompettes fluettes de Look in your eyes (single éclatant) ou de Somebody, les saxophones hilares d’Amazing (jam lovesque purement autodérisoire) partent effectivement à la recherche des trésors enterrés d’Arthur Lee, Minor swing n’en est pas pour autant une entreprise de réhabilitation. Loin de là. Entre la bossa du magnifique Colour of stone, le folk de Luxury et celui, mandoliné et souvent mccartnesque, de Beware, la country et les stances weilliennes du piano de Way out ou les espagnolades très spaghetti d’Angel, Minor swing s’avère assez surprenant de bout en bout pour être une inépuisable source de petits plaisirs spontanés.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}