La deuxième saison de la série danoise Borgen arrive sur Arte. Rencontre avec son actrice principale et Première ministre de fiction Sidse Babett Knudsen.
L’une des meilleures séries politiques actuelles revient pour une deuxième saison avec, au menu, un incident à dimension internationale, puis la crise morale de son héroïne. L’actrice Sidse Babett Knudsen incarne madame la Première ministre. Elle évoque la série en français dans le texte, souvenir de ses années d’études parisiennes à la fin des années 80.
Comment présenter cette nouvelle saison de Borgen ?
Sidse Babett Knudsen – La série a trouvé son rythme et installé son univers. Birgitte Nyborg est toujours au pouvoir et séparée de son mari. Au fil de ces nouveaux épisodes, elle se transforme moins dans ses rapports avec les autres que dans son rapport à elle-même. Cette saison me semble plus existentielle que la précédente. La force du rôle se trouve dans sa variété. L’héroïne est scrutée au travail comme chez elle, pendant le conseil des ministres ou dans l’intimité de sa salle de bains. Cela donne de la place pour apporter de la nuance.
L’audace de la série est-elle liée au fait qu’elle montre une femme de pouvoir ?
Aller contre les clichés et révéler l’humanité d’un personnage politique me semble peut-être plus naturel avec une femme. Mais le genre ne détermine pas tout. Il est évident qu’un homme serait confronté à des conflits intérieurs similaires, aux mêmes tiraillements entre vie publique et vie privée. Un animal politique naît de la rencontre entre une envie de pouvoir, un idéal et le sentiment d’avoir une mission. Dans ce cadre, on pourrait dire que les femmes de pouvoir ne sont pas si différentes des hommes. Certaines deviennent plus masculines après leur élection, tandis que certains hommes deviennent plus féminins une fois le costume enfilé. Un mec peut se montrer à l’écoute, c’est évident, alors que c’est soi-disant un trait de caractère féminin. Je n’ai pas envie de lui enlever son sexe, mais quand j’entre dans la peau de Birgitte Nyborg je ne pense pas spécialement à sa féminité.
Comment Borgen est-elle écrite ? Participez-vous au processus en tant qu’actrice principale ?
Dans cette série, il y a une maman, la productrice Camilla Hammerich, et un papa, le créateur Adam Price. Je travaille beaucoup avec ce dernier sur les scénarios. Nous avons façonné le personnage ensemble. Au départ, je trouvais que mon personnage versait trop dans la culpabilité, alors que pour moi, quand on arrive à ce niveau de pouvoir, on l’a voulu. On a l’habitude de virer des gens. On ne pleure pas à tout bout de champ. J’ai apporté une touche féministe ! Mais que cela soit clair, j’adore travailler avec Adam Price. Il m’encourage à développer les aspects peu sympathiques de mon personnage.
Vous tournez actuellement la fin de la saison 3. La série va-t-elle continuer ?
Nous tournons durant ce mois de novembre les deux derniers épisodes de la saison trois. Ce sera la dernière. Au départ, il devait n’y en avoir que deux, alors cette saison supplémentaire s’apparente à un bonus. Elle donne la possibilité de s’éclater. On envoie un peu tout en l’air. La chaîne (DR, également diffuseur de The Killing – ndlr) nous a donné carte blanche. Ensuite, rideau. Il faut savoir s’arrêter.
Depuis la diffusion de Borgen, une femme est arrivée au pouvoir au Danemark. Y êtes-vous pour quelque chose ?
Helle Thorning Schmidt a été nommée Première ministre au début de la diffusion de la saison 2, en 2011. Borgen reste un travail de fiction, pas un commentaire sur l’actualité. Des comparaisons entre elle et moi ont été faites mais je peux vous assurer que je ne m’inspire pas du tout d’elle. On dit parfois que c’est elle qui m’aurait copiée, pour la coiffure notamment ! Mais cela ne va pas plus loin.
Borgen, saison 2 à partir du 22 novembre sur Arte