Responsable de la structure Austin Angers Creative qui a importé le festival Levitation à Angers, Germain Kpakou nous parle de la troisième édition d’un festival qui met en avant la scène psyché et garage d’aujourd’hui. Rencontre.
A quelques jours de la nouvelle édition du festival Levitation à Angers, il était nécessaire de faire un point sur son histoire, ses nouveautés et son lien avec la référence en matière de festival garage et psyché : l’Austin Psych Fest. Rencontre avec Germain Kpakou, l’un des principaux acteurs du bon fonctionnement de ce jumelage musical.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Comment s’est déroulée la création du Levitation à Angers ?
Germain Kpakou : Ca fait maintenant quatre ans que la ville d’Angers est jumelée avec Austin, ce qui a donné lieu à plusieurs échanges et allers retours. Quelques Angevins sont partis à Austin pour divers évènements. Le premier axe de ce jumelage, c’était la musique. Il y a eu la rencontre entre le producteur des Black Angels, Doudou (Christophe Doudou Davy, qui est Angevin) et le groupe même à Austin, et l’idée est née de cette façon. C’est comme ça que l’Austin Psych Fest, qui existe depuis une dizaine d’années à Austin, a été importé à Angers il y a maintenant trois ans, et est devenu depuis peu le Levitation dans les murs du Chabada, notre salle de concert.
Pourquoi ce changement de nom ?
Pour plusieurs raisons : d’abord pour unifier le terme car il y a plusieurs Psych Fest à travers le monde (Australie, Chicago etc) donc c’était pour sortir de cette mode. C’est aussi pour mettre une marque sur le festival car l’Austin Psych Fest est le premier à avoir lancé ce mouvement.
Le teaser de l’édition 2015
Après Austin Angers Music, on retrouve cette année Austin Angers Cinema, Austin Angers Food & Wine, Austin Angers Tech. Tu peux nous en dire plus ?
Tout est regroupé sous une même étiquette qui s’appelle Austin Angers Creative qui est une entité gérant la relation entre les deux villes d’un point de vue créatif (tout ce qui va être industrie culturelle et créative). Ces noms représentent donc les sujets traités par le jumelage, qui seront au cœur du festival. D’autres viendront un peu plus tard…
D’ailleurs, le Levitation en est à sa troisième édition. Vos attentes ont évolué avec le temps ?
La première année, on attendait de voir comment les gens allaient réagir. On a constaté que ce festival drainait un public assez peu local, c’est-à-dire que les gens venaient à Angers spécialement pour le festival. On espérait également que ça soit complet, et que bien entendu tout se passe bien. La deuxième année, on se demandait surtout si le public allait se renouveler, si l’on pouvait pérenniser ce festival. Lorsque l’on a constaté que l’on était complet plus rapidement, et qu’il y avait plus de monde qu’à la première, ça a été satisfaisant. Maintenant, l’enjeu est de savoir si c’est un évènement qui va durer ou non. Visiblement, il semblerait que oui.
La playlist réalisée pour le festival par Anton Newcombe
Qui vient au Levitation ? Il y a un public type pour le festival ?
Non il n’y a pas vraiment de public type. Pour les Angevins, c’est quand même plus simple car ils sont à côté. Ensuite, il y a deux versions de gens qui viennent de plus loin : ceux qui sont là uniquement pour la programmation? donc les férus du psyché qui veulent voir tous les groupes en même temps. Et ceux qui viennent pour l’expérience, pour le moment, pour vivre un festival dans cette ville qui est plutôt cool.
Cette année il y a une grande nouveauté : la Austin Week. Pouvez-vous expliquer ce que c’est en quelques mots ?
Grâce au jumelage, beaucoup d’Angevins sont allés à Austin ces quatre dernières années mais ils ont ramené peu de contenu. Austin Week est né sur de ce constat. On voulait ramener ce contenu afin de montrer aux personnes qui n’avaient pas fait le déplacement de quoi était fait ce jumelage. On a donc fait une sélection de sujets emblématiques d’Austin, à savoir la musique, la cuisine, les nouvelles technologies, mais aussi le tatouage, le yoga et le ciné. On a construit des contenus autour de ces sujets avec des invités d’Austin qui viennent présenter leur métier. Il sosnt une quinzaine et seront présents pendant une semaine (la semaine précédant le Levitation, du 15 au 20septembre). Les deux chefs intervenants vont cuisiner pour les festivaliers de Levitation et il y aura aussi des séances de yoga au cœur de la ville et des séances de tatouage.
Comment se passe l’échange entre Austin et Angers ? Quel rôle le festival grand frère joue-t-il ?
C’est une seule et même marque. L’équipe d’Austin la détient, nous l’exploitons à Angers, mais l’univers artistique, la programmation, le web sont intégralement construits par les gens d’Austin donc c’est plutôt un clone qu’un grand frère, schématiquement. En agençant tout ça à Angers, le festival garde cette authenticité qui fait de lui non pas une copie ni un grand frère, mais une réplique.
The Melvins, Melody’s Echo Chamber, Wand… Et de l’autre côté de plus jeunes groupes comme The Blind Suns ou The Dead Mantra. Comment réalisez-vous la programmation ? Comment rencontrez-vous ces jeunes groupes ?
La programmation est faite de concert entre Rob, qui s‘occupe de la programmation d’Austin, Doudou et divers agents européens qui ont des groupes à disposition. Pour les jeunes découvertes, c’est à l’opportunité, au hasard. En août dernier, le chanteur des Black Angels a rencontré un groupe sur la route l’a aimé puis l’a tout simplement suggéré. Sinon pour certains groupes, ils sont de chez nous et on les connaît sur scène.
Où en est la scène garage et psyché en France justement ?
Le terme psyché a été très utilisé par beaucoup de groupes. Avec les gens de Levitation à Austin, on a appris qu’il y avait une définition très large du mot psyché. On a découvert que ça englobait tout un univers artistique aussi bien musical que visuel et gastronomique, donc je dirais plus que l’avenir de la musique psyché en France tend vers l’ouverture de ce terme, avec un regard moins resserré sur le mot et plus focalisé sur la musique.
Des structures sont-elles consacrées à cette scène aujourd’hui ?
Bien sûr ! Certains font ça depuis toujours, avant même que l’on s’intéresse au mot psyché. L’agence Julie Tippex par exemple. Ce sont des gens comme ça qui ont un regard, une acuité, des structures solides présentes depuis longtemps. Toutes les scènes ont leur coup de projecteur à un moment donné et aujourd’hui, je pense que cette scène est mise en lumière.
Comment sont perçus les groupes psychés français à l’étranger ?
On programme des groupes français donc ils sont forcément écoutés à Austin et ça leur donne une belle visibilité. L’an dernier, au Levitation d’Austin, il y avait La Femme et Zombie Zombie. Le regard est plutôt positif, ils apprécient ce que les Français font, il y a un vrai engouement. Sans vouloir m’avancer, il y a des chances pour que l’on retrouve des groupes du Levitation angevin à Austin l’an prochain.
Un très bon souvenir du festival ? Un très mauvais ?
La première année, quand Alex des Black Angels est venu à Angers, il a visité la ville et c’était un bon souvenir parce que c’était la rencontre, le début de l’aventure. Ils ont été très touchés par Angers, il a halluciné sur la cuisine, le vin, le patrimoine etc.. Et lorsqu’il a visité les Tapisseries de l’Apocalypse (NDLR – Les Tapisseries de l’Apocalypse ou Apocalypse d’Angers est une représentations médiévale de l’Apocalypse de Jean), il a dit que le psychédélisme était né avec cette œuvre. Ça, c’est un super souvenir. Pour ce qui est du mauvais souvenir, nous n’en avons pas encore eu, on les redoute mais pour l’instant ça va.
Aujourd’hui, organiser un festival si spécifique dans une petite ville n’est-il pas trop difficile avec l’apparition chaque année de nouveaux événements musicaux ?
C’est aussi pour ça qu’on a élargi le spectre avec la Austin Week. Levitation à Angers, c’est l’unique branche de Levitation US en Europe donc ça rend les choses plus simples, il y a une forme d’exclusivité. Ce qui est intéressant, c’est la relation qu’Austin et Angers entretiennent : le fait que tous ces gens viennent faire découvrir cette partie du Texas dans une petite ville française, c’est assez unique.
Donc la Austin Week permet de découvrir Austin sans avoir à voyager ?
C’est exactement ça : pendant une semaine, Austin est à Angers et il n’y a pas besoin de prendre l’avion pour s’y rendre.
Le festival Levitation aura lieu à Angers les 18 et 19 septembre prochains.
{"type":"Banniere-Basse"}