Berlin renonce désormais au renvoi des migrants vers leur point d’entrée en Europe.
Pour ce seul dimanche 6 septembre, l’Allemagne a accueilli près de 10 000 réfugiés, arrivés principalement à la gare de Munich, via la Hongrie. En un week-end, ce sont près de 20 000 personnes qui ont été prises en charge par les autorités allemandes.
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« Welcome to Germany » – People applaud & greet migrants as they arrive in Munich http://t.co/3Wk9ryrzib http://t.co/0rZqjFSFef
— BBC News (World) (@BBCWorld) September 5, 2015
Cette ouverture exceptionnelle des frontières a été rendue juridiquement possible par un assouplissement de la législation fédérale en matière de politique migratoire. Berlin renonce désormais au renvoi des migrants vers leur point d’entrée en Europe. Cette mesure est aussi le fruit de concertations diplomatiques entre l’Allemagne et l’Autriche. Vienne avait accepté dans la nuit de vendredi à samedi, de faciliter le transit vers son voisin allemand, des milliers de migrants coincés en Hongrie.
Germany prepares to take in thousands of migrants http://t.co/KpKxYW23DK pic.twitter.com/OuM13rzBdL
— CBS News (@CBSNews) September 7, 2015
Des quotas de réfugiés par Land
L’Allemagne assume donc avec assurance son rôle de principal pays d’accueil européen. Elle doit malgré tout faire face aux défis logistiques et pratiques que provoque cette migration massive. En effet, au cours de l’année 2015, l’Allemagne a reçu 800 000 demandes d’asile, contre 203 000 l’an dernier. Selon les estimations du quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung, le coût global de cet accueil s’élève à 10 milliards d’euros. En juillet dernier, lors d’un sommet exceptionnel sur les réfugiés, un budget de 5,6 milliards avait été décidé mais cela risque de ne pas suffire. Heureusement, les charges économiques sont équilibrées entre les différents landers.
Migrants' journey to Germany: In pictures http://t.co/geaJ83FiFr pic.twitter.com/PfmOmQYduL
— BBC News (World) (@BBCWorld) September 7, 2015
Si beaucoup de réfugiés sont arrivés en Bavière, ils ont vite été répartis dans tout le pays selon des quotas bien précis – fixés après la Seconde Guerre mondiale – suivant la richesse et la population de chaque Land. Ainsi par exemple, la Rhénanie du Nord devrait accueillir 21,2 % des réfugiés, la Bavière 15,3 %. Jugée plus équitable d’un point de vue économique, cette répartition entend aussi favoriser l’intégration des populations réfugiées, enjeu de taille que va devoir relever l’Allemagne.
Un événement plus important que la réunification
Plutôt que reçus par l’Allemagne, les demandeurs d’asile, majoritairement syriens, ont été véritablement accueillis, sur les quais de plusieurs gares de la République fédérale, par des milliers de citoyens allemands. Les haies d’honneur, les applaudissements et échanges de vivres et de vêtements rappelant à s’y méprendre les images du mois de novembre 1989, l’accueil des Allemands de l’Est par ceux de l’Ouest.
« Nous voulons que les gens qui arrivent chez nous comme réfugiés deviennent rapidement des voisins, des collègues » a affirmé. Andrea Nahles, ministre du l’Emploi et des Affaires sociales.
Comme à la fin des années 1980, et plus vite encore, ces images de pancartes « Refugees Welcome » et d’actes de solidarité ont déjà fait le tour du monde. Bien résumé dans un éditorial du journal Die Zeit daté du 3 septembre, les citoyens ont le sentiment de vivre un moment historique : « Une expérience a commencé. Elle va modifier plus profondément l’Allemagne que la réunification« .
Budapest train station blocked as hundreds wait to join fellow migrants in Austria and Germany http://t.co/HZ50pKn75q pic.twitter.com/iDCjN10afN
— Sky News (@SkyNews) September 1, 2015
Le directeur de la fondation de médias Bertelsmann Johachim Fritz-Vannahm explique cet élan par le fait que “de nombreux Allemands sont eux-mêmes descendants de réfugiés« . La récente multiplication des actes de violence par des groupuscules néonazis à l’encontre de réfugiés inciterait aussi, en retour, à une solidarité particulière de la part de la population.
Selon un sondage publié le 3 septembre par la chaîne ARD, 95 % des Allemands se félicitent du mouvement de solidarité que provoque l’afflux de réfugiés. Et pourtant, seuls 45 % des Allemands interrogés estiment que l’immigration présente « plutôt des avantages pour le pays » et un sondé sur trois (33% de la population) pense que les inconvénients l’emportent. Et s’agissant des régions d’ex-RDA, les pourcentages sont presque parfaitement inversés. Pour autant, la distinction entre les catégories de migrants apparaît clairement : 96 % des Allemands jugent l’accueil de réfugiés fuyant la guerre justifié. En revanche, seul 28 % pensent que l’Allemagne doit accueillir des réfugiés économiques.
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