On n’aurait jamais cru Clinic capable de faire un album, on pensait même le groupe de Liverpool uniquement abonné aux singles conçus pour durer une semaine, trahissant l’urgence, l’enthousiasme et une fraîcheur forcément éphémère. On avait même déjà, en douce, écrit le futur du groupe : gloriolle, séparation, oubli. Mais Internal wrangler ne l’entend pas […]
On n’aurait jamais cru Clinic capable de faire un album, on pensait même le groupe de Liverpool uniquement abonné aux singles conçus pour durer une semaine, trahissant l’urgence, l’enthousiasme et une fraîcheur forcément éphémère. On avait même déjà, en douce, écrit le futur du groupe : gloriolle, séparation, oubli. Mais Internal wrangler ne l’entend pas de cette oreille. Malgré les treize titres qu’annonce la pochette ventarde de ce premier véritable album, Clinic n’en a toujours que trois, déclinés à l’infini, sublimes. Tout d’abord l’essai punk-rock, sautillant et léger, évoquant le bruit d’un moteur de Coccinnelle. Puis le titre plein de batteries puissantes et d’orgues taillés dans le poil à gratter. Enfin, il y a la chanson molle et sexy qui ralentit le rythme effréné d’un album dont le grand manitou est toujours ce chanteur à voix de teigne : Ade Blackburn. Un souffle de sa part, une subite crise de rage et tout le monde suit le mouvement. On trouve chez lui un sens de la théâtralité et de la nuance qui nous évoque un Placebo acide, sans complexes. Plus encore que les grands ténors du rock 60’s, auxquels Clinic doit énormément, les idées et le son vachard de ce premier album semblent inscrire le groupe dans cette tradition du rock britannique des années 80, période pendant laquelle des gens comme Spacemen 3, Primal Scream et Jesus And Mary Chain savaient faire réellement progresser le rock tout en pillant aveuglément tout disque à pochette cornée par le temps. C’est ainsi que Clinic, avec des titres aussi jouissifs que 2nd foot stomp et Hippy death suit, réussit à nous faire danser avec du punk-rock en n’utilisant ni les rythmes baggy ni les orgues devenus quasiment obligatoires depuis l’arrivée des Stone Roses. C’est cette manière hors mode de piller le passé, cette fantastique vitalité et cette nouvelle maturité qui font sans doute d’Internal wrangler le disque d’indie-pop le plus précieux de ce début de millénaire et de Clinic le premier vrai groupe de punk du siècle.