Certes, tout ce qui braille n’est pas d’or. Ce constat ne fait qu’accroître les mérites de toute une génération de groupes américains (Hüsker Dü, Big Black, Sonic Youth, Bad Brains, Dead Kennedys…), apparus au début des années 80 et retranchés sur des labels à principes tels que SST, Touch & Go ou Dischord. Des entreprises […]
Certes, tout ce qui braille n’est pas d’or. Ce constat ne fait qu’accroître les mérites de toute une génération de groupes américains (Hüsker Dü, Big Black, Sonic Youth, Bad Brains, Dead Kennedys…), apparus au début des années 80 et retranchés sur des labels à principes tels que SST, Touch & Go ou Dischord. Des entreprises tentant, avec une ténacité hargneuse, de conférer au hardcore ses notes de noblesse et de battre en brèche ce lieu commun qui assimile systématiquement bruit à brute. Dans l’accomplissement de cette ingrate mission, il ne paraît pas discutable que les Washingtoniens de Fugazi aient joué un rôle essentiel, qui eût dû, dans un monde moins imparfait, leur valoir une reconnaissance publique égale à celle dont bénéficièrent les Pixies. Le nouvel album de Fugazi n’est pas à proprement parler un nouvel album de Fugazi pendant l’intro du titre d’ouverture, on pense même avoir affaire à un pirate du Velvet de 69, élogieuse illusion qui se produit à plusieurs reprises sur le reste du disque. Expliquons-nous : il s’agit en fait d’une saillante collection de dix-huit inédits demos, chutes de studio, prises de répétition lapidaires et incisifs, pratiquement tous instrumentaux, réunis par le rigoriste quatuor pour les besoins d’un documentaire que lui a consacré le réalisateur indépendant américain Jem Cohen. En attendant d’en découvrir les images, l’on peut déjà se délecter du son, fourbi par une fine équipe à l’intégrité et à la pugnacité sans faille. Parangon de purisme, Fugazi s’impose avant toute chose comme un groupe majuscule, d’une cohésion frappante et mû par un sens du combat musical qui fait plaisir à entendre. Ledit plaisir ne se dément pas un instant au long d’Instrument, grisant recueil qui est tout sauf un informe fourre-tout destiné à calmer l’impatience du fan et duquel aucun morceau faiblard ne vient entacher l’impeccable netteté. Ceux que ne convaincraient guère les productions antérieures de Fugazi et que la couronne de louanges tressée ci-dessus laisserait sceptiques sont instamment priés de tendre leurs oreilles récalcitrantes en priorité vers un Little Debbie sec et rageur, emblématique du style maison, un Slo crostic décapant et un I’m so tired stupéfiant, beau comme un inédit du Rise above d’Epic Soundtracks.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop","device":"desktop"}
{"type":"Banniere-Basse","device":"desktop"}