La chanson d’inspiration traditionnelle connaît un tel renouveau qu’on finirait presque par croire qu’elle manifeste la renaissance authentique des langues minoritaires. La réalité est bien sûr tout autre : en Bretagne comme en Occitanie (Provence incluse), elle a déserté en grande partie le terrain du quotidien pour devenir un argument artistique et… politique. Chez Dupain, […]
La chanson d’inspiration traditionnelle connaît un tel renouveau qu’on finirait presque par croire qu’elle manifeste la renaissance authentique des langues minoritaires. La réalité est bien sûr tout autre : en Bretagne comme en Occitanie (Provence incluse), elle a déserté en grande partie le terrain du quotidien pour devenir un argument artistique et… politique. Chez Dupain, elle est un instrument de lutte citoyen, un trait d’union entre les générations et une identification à une histoire réelle et proche, occultée par les manuels scolaires. Dupain, ça sonne comme une revendication, pas vraiment comme la célébration du Midi de Marius et Olive. A moins que ceux-ci n’aient un jour rejoint, la faucille dans une main et le marteau dans l’autre, les rangs des Communards… Si on n’ignorait pas que l’occitan avait jadis été une langue littéraire, on avait fini par oublier que la classe ouvrière avait continué à parler, manger et se battre avec elle, alors lâchée par la bourgeoisie et devenue vernaculaire. C’est donc fort opportunément que Samuel Karpienia associe ses textes à ceux d’auteurs du début du siècle, âge d’or du capitalisme et donc des affrontements de classes. La vielle à roue peut faire grincer des dents. Mais guère plus que le synthétiseur de poche avec lequel Robert Wyatt s’accompagnait lorsque, dans les années 80, il chantait… L’Internationale. Les comparaisons avec l’artiste-militant anglais ne s’arrêtent pas là : le timbre vocal plaintif, les vocalises hispanisantes, voire orientales, le registre radical du répertoire, peuvent troubler. L’accent de Dupain est génériquement méridional : flamenco andalou, rumba catalane, chanson napolitaine et chouf maghrébin font le ménage dans les fabriques et les arsenaux. C’est que la danse du ventre (vide) se danse partout pareil autour du bassin (méditerranéen). Il y a deux façons d’appréhender la chanson occitane : avec des menottes pour l’envoyer au musée moisir en compagnie des poésies félibriges ou à l’Usina pour qu’elle refasse sa vie à l’école de Dupain.
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