A l’origine de Peppr, une appli de rencontre entre clients et prostituées lancée en avril 2014 et abandonnée depuis, la femme d’affaires Pia Poppenreiter a su apprendre de ses erreurs et lance un service inspiré des escort-girls.
Pas encore remis du leak d’Ashley Madison, le site d’adultère dont les données d’utilisateurs ont été hackées ? Pourtant, un nouveau site consacré au sexe va probablement créer la controverse à son tour. Il s’agit d’Ohlala, la « première app de rencontres payantes ».
A première vue, Ohlala arbore une interface minimaliste qui rappelle fortement celle de Tinder, Happn et consorts. Mas ici, pas d’ambiguïté : il n’est pas question de fonder une famille, mais purement et simplement de sexe. Et payant, en plus. Mais pour l’instant, pas besoin de vous rendre sur l’AppSore ou Google Play : l’application Ohlala n’est pas encore sortie – seul le site Internet est disponible – et le service de sexe tarifé est circonscrit à la ville de Berlin pour le moment. Une interface entièrement en anglais est prévue pour bientôt, ainsi que l’extension à d’autres villes.
Pour Pia Poppenreiter, à la tête de cette startup, citée par la RTBF,« l’idée est de laisser le choix aux femmes de monnayer leurs charmes tout en éliminant les intermédiaires potentiels, les obligations d’agenda et tous les autres risques et contraintes avec lesquels une escort doit compter ». Une sorte d’Uber de la prostitution, en somme.
Peppr, la vraie première appli de prostitution
D’ailleurs, la femme d’affaires berlinoise n’en est pas à son premier projet d’appli de rencontres tarifées. En avril 2014, elle avait lancé Peppr, une appli pour commander une prostituée. Pour les clients, il s’agissait alors, un peu à l’image des chauffeurs particuliers d’Uber, de réserver les services d’une fille quand ils le voulaient, et, quand la fille répondait à leur demande, les deux pouvaient arranger un rendez-vous.
Sans complexe, cette businesswoman allemande avait lancé une campagne de publicité massive pour sa nouvelle application et communiquait beaucoup sur les réseaux sociaux, malgré les nombreuses critiques qu’elle a dû affronter sur ces mêmes plateformes. Sur Twitter, une Femen allemande avait dénoncé Peppr, qui rendrait la prostitution « aussi facile que de commander une pizza » :
#Prostitution, so easy wie ne Pizza bestellen! #gegenProstitution http://t.co/KKwLjcDo32 @EMMA_Magazin @BereniceFemen @Euterpeaventure
— Klara Femen (@KlaraFemen) April 16, 2014
Très vite, ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui critiquérent l’application. Certaines escorts qui proposaient leurs services sur Peppr ont arrêté d’utiliser l’application car elles n’avaient pas assez de contrôle sur leur profil et sur le processus de validation de la « passe ». Quant aux clients, ils étaient insatisfaits du temps que mettaient les escorts à valider leurs commandes, qu’ils finissaient très souvent par annuler.
On efface tout et on recommence
Pas de souci pour Pia Poppenreiter : elle met fin à l’application et lance rapidement un nouveau projet après avoir beaucoup parlé avec les prostituées de Berlin, qui lui avaient donné l’idée de Peppr à l’origine.
Bye, bye PEPPR. But I am onto something « new » in #sextech! Be prepared pic.twitter.com/r2Aq5XIWKB — Pia Poppenreiter (@Poppenreiter) March 31, 2015
« Au revoir Peppr. Mais je travaille sur quelque chose de nouveau dans l’industrie numérique du sexe ! Soyez prêts », annonce-t-elle sur Twitter en mars dernier.
Ce nouveau projet, c’est Ohlala et l’Allemande a fait le ménage. Le premier changement notable est le vocabulaire utilisé sur la nouvelle plateforme. Là où on parlait de « divertissement érotique » sur Peppr, on dira plutôt « rendez-vous payants » sur Ohlala. Le design aussi a changé : on a troqué le rouge bordeau pour un fond blanc avec des touches d’un rose léger.
Sur Ohlala, les escorts ont le pouvoir
Le principe d’Ohlala est simple : le service met en relation deux personnes qui veulent un « rendez-vous payant », l’une est prête à payer et l’autre souhaite être payée. Culture sexiste oblige, la première est nécessairement de sexe masculin et la seconde de sexe féminin…
En revanche, le service se distingue de son prédécesseur sur un point : sur Ohlala, ce sont les filles qui décident. Explication : l’homme indique ce qu’il recherche ainsi que le prix, la durée et l’endroit qu’il souhaite, puis ces informations sont envoyées aux filles situées à proximité. Alors ce sont elles qui choisissent si elles acceptent le rendez-vous ou non. C’est dans cette fonctionnalité – qui donne plus de pouvoir aux escorts – que réside la différence d’Ohlala avec Peppr – mais aussi avec Uber, ou le chauffeur le plus proche du client doit venir le chercher. Une fois le demande acceptée, le client et l’escort peuvent discuter sur la plateforme de chat d’Ohlala et arranger le rendez-vous.
« C’est très simple, déclare Pia Poppenreiter au site TechCrunch, on relie les gens pour des relations payantes instantanément. Ca résout véritablement certains problèmes que connait le marché du sexe tarifé et que les sites de rencontre et la plupart des sites d’escorts ne règlent pas. »
Autre élément important sur Ohlala : il n’est jamais explicitement question de sexe, ni sur le site ni dans la communication de Pia Poppenreiter. L’Allemande reste d’ailleurs très prudente sur le sujet :
« Quelles que soient les choses que ces deux personnes veulent faire – que ça consiste à tenir compagnie lors d’un dîner ou à finir au lit ensemble – il s’agit de leur vie privée et ils doivent se mettre d’accord en amont, avant de se rencontrer »
Néanmoins, si, comme le suggère Vanity Fair, même les rencontres sur Tinder finissent majoritairement en « plans cul », on peut s’interroger sur l’honnêteté d’un tel discours.