Le 24 octobre, Saïan Supa Crew au grand complet a présenté en avant-première son nouvel album à paraître, X Raisons, à son public parisien tout entier acquis à sa cause. Récit de ce show total, où l’on redécouvre avec plaisir la dimension hautement festive du hip-hop sur scène.
Situé au c’ur du parc de la Villette, le Cabaret Sauvage est un chapiteau cosy, boisé, doté d’un parquet par endroit grinçant : un lieu particulièrement improbable mais foncièrement agréable pour le retour au bercail tant attendu des espoirs du hip-hop français.
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Depuis la sortie de KLR, il y a de cela trois ans, beaucoup ont vu en Saïan Supa Crew un appel d’air propre à évacuer la marasme ambiant du rap français, plongé jusqu’au cou dans l’imagerie éc’urante du nouveau riche et le discours démago à go-go.
Un peu comme le De La Soul de 89, débarquant d’on ne sait où avec leur Three Feet High and Rising d’anthologie, complètement barré dans leur trip hippy-hop, à mille lieux des N.W.A. ou autre 2 Live Crew de l’époque, le Saïan semble ramener l’esprit ludique des Native Tongues tout en ne perdant pas de vue l’expression de la contestation qui est la nature même du hip-hop.
Le Saïan Supa Crew sur scène est le meilleur exemple que l’on puisse donner actuellement du potentiel ludique du hip-hop : on rit, on crie, on saute, on danse, et l’on ressort un peu plus d’une heure plus tard totalement acquis à la cause de ces six rimeurs endiablés. Si certains reprochent l’absence d’un DJ, donnant parfois l’impression de voir sur scène un boys band azimuté, on rétorquera que l’intérêt n’est pas là mais bien dans l’esprit festif qui émane de leur tchatche tellurique.
Avant que les six lascars n’envahissent la scène, on remarque avec plaisir la foule bigarrée qui peuple la salle, à mille lieux du public hip-hop sectaire ou du bobo venu s’encanailler pour quelques beats groovy.
La première partie du « show », comme aime à le dire le Saïan, donne la part belle aux titres du nouvel album, X Raisons, dont la sortie est prévue pour le 23 octobre. L’aisance n’est pas encore parfaite, mais l’esprit est là, dans le flow extrêmement technique de ces vocalistes hors-pair. De la tchatche improbable de Leeroy aux invectives fumeuses de Specta, de l’humour potache de Sly et Vicelow à l’énergie brute de Feniski et sans oublier les roucoulades de Sir Samuel, la force du Saïan est dans sa diversité vocale. Les rythmes s’enchaînent, évoluant du zouk au beats old skool en passant par le dub, sans la moindre gêne, noyant le spectateur dans l’antre de ce que sera ce nouvel album. Au vu de la réaction épileptique du public, nul doute que le combat est remporté d’avance.
La deuxième partie du concert, composé essentiellement de morceaux de KLR, verra l’ambiance monter encore d’un cran. Plus à l’aise qu’au début, Leeroy et Sly se laissent aller à quelques démonstration de beat box, recréant par ces bruits de bouches martiens la rythmique alambiquée du Get your Freak on de Missy Elliott/Timbaland. De Ragots à Raz de Marée en passant par l’inévitable Angela, les langues se délient, l’ambiance est au freestyle. Le final, beaucoup plus incisif, terminera ce set dans une furie hip-hop de bon aloi.
Dans la sueur et l’énergie, le groupe donne rendez-vous à son public parisien dans quelques mois pour une date à l’Olympia que l’on ne manquera sous aucun prétexte…
La tournée de Saïan Supa Crew continue :
le 26/09 à Lyon (Ninkasi Kao)
le 27/09 à Marseille (Le Poste à Galène)
le 01/10 à Lille (Splendid de Lille)
le 03/10 à Strasbourg (La laiterie)
le 28/11 à Sannois (EMB)
le 16/12 à Poitiers (Le Confort Moderne)
le 18/12 à Clermont Ferrand (La Cooperative de Mai)
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