Xia Rong Feng, directeur de Wenzhou Municipal Marionnette Troupe, marionnettiste à fil de Wenzhou dans la province du Zhejiang, face à l’île de Taiwan.
L’art ancestral des marionnettistes à fil de Wenzhou, introduit depuis la dynastie des Song, n’a jamais connu d’arrêt, à la différence du Cambodge où les Khmers Rouges les avaient interdites. Xia Rong Feng, directeur de la Wenzhou Municipal Marionnette Troupe, rappelle que, sous la dynastie Tang, sa ville était un port de commerce aussi important que celui d’Alexandrie : le point d’arrivée et de départ de la Route de la Soie. « Ici, le mélange des cultures est une tradition ! Il y a des catholiques, des protestants, des mahométans. On l’appelle aussi le pays natal de la marionnette. Son époque la plus prospère remonte à la fin de la dynastie Ching (XVIIIè et XIXè siècle).«
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Celui qui se destine à devenir marionnettiste devra d’abord apprendre 1000 ans d’histoire avant de passer à la technique, comprenant la fabrication et la manipulation des marionnettes. On s’en doute : la technique est extrêmement complexe, les marionnettes traditionnelles comptant 16 à 25 fils et les marionnettes modernes jusqu’à 36 fils. La première étape consiste à tenir la poignée à l’horizontale. Chaque marionnette pèse 2,5 kg et il faut la tenir bras tendu. On commence par le maniement de deux fils, les pieds, puis 4, 10? En fait, les fils suivent la constitution anatomique du corps et toutes ses articulations.«
Ensuite, il faudra apprendre les gestes codés qui correspondent aux personnages. On peut en déterminer 4 types : les Cheng (hommes lettrés, guerriers ou vieillards) ; les Tan (rôles féminins : princesses, guerrières, servantes, entremetteuses) ; les Jing (aux visages peints, généraux ou héros) et les Chou (clowns). Mais, aussi ancien soit-il, l’art de la marionnette à fil ne cesse de se développer et d’évoluer. Dans les représentations traditionnelles, les marionnettes sont placées dans un castelet et on ne les voit qu’à moitié.
Elles peuvent durer 7 jours et leurs propos sont essentiellement d’ordre spirituel. Elles sont données aux divinités taoïstes, notamment lors d’un décès car c’est au septième jour de deuil qu’il faut faire des prières pour que le défunt puisse se réincarner. Pendant que la famille fait ses prières, on offre au défunt un spectacle de marionnettes. Le répertoire classique compte 42 livrets. Dans les années 50, une toile de décor apparaît, cachant ainsi le manipulateur à la vue du public. L’espace scénique connaît d’autres développements dans les années 70 : des passerelles et des jeux de lumière concourent à élargir le cadre de scène et à produire une représentation en trois dimensions. Une autre forme de représentation surgit encore, plaçant les marionnettes au-dessus du décor en toile peinte. Enfin, lors des années 87-88, on voit apparaître sur la scène les marionnettes et leurs manipulateurs. C’est ainsi qu’on put voir la troupe dirigée par Xia Rong Feng à Paris en 1995.
Après avoir ainsi expérimenté différents espace scéniques, c’est aujourd’hui la réalité du mouvement qui est recherchée. « Le théâtre occidental est plus poétique, fait plus appel à l’imagination mais il y manque la marque du réel. Notre présence aux côtés de Royal de Luxe nous apprend à créer et à imaginer plusieurs personnages tout en transmettant notre travail consistant à faire vivre « un personnage réel ». Pour nous, il s’agit à la fois d’un grand honneur et d’un grand intérêt si l’on arrive ainsi à créer un nouveau type de représentation.«
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