L’auteur d’Independance Day et du Jour d’après détruit encore la planète. Plutôt amusant cette fois.
A la question pressante de savoir si Roland Emmerich est un auteur – pris dans son acception minimale, à savoir la manifestation d’une continuité stylistique et thématique, quelle que soit sa qualité –, on serait tenté de répondre par l’affirmative, tant celui-ci n’a cessé, depuis Independence Day en 1996, de refaire le même film (Godzilla, Le Jour d’après…). Soit, bon an mal an, la fin du monde à travers les yeux de l’Américain moyen, avec suffisamment d’effets spéciaux et de détails pittoresques (le Français roule en DS, le Russe est vicieux, le Chinois travailleur…) pour amuser le monde entier.
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Ainsi, voir 2012, c’est accepter de rester accroché à la psyché d’un redneck teuton pendant 2 h 40, pour y apprendre que l’espèce humaine est menacée par des neutrinos (sic) provoquant un réchauffement du noyau de la Terre, une fonte du manteau, une dérivation des plaques continentales, des cataclysmes en tout genre (séismes, tsunamis…) et, in fine, le déplacement du pôle Sud au beau milieu du Wisconsin – le Midwest comme centre du monde, le voilà, le programme.
Et la surprise, c’est que tout cela est assez plaisant. Si le temps nous paraît interminable dans le coffre à jouets de Michael Bay, on ressent un plaisir, forcément coupable, à voir son collègue allemand se débattre au milieu du sien. Non pas le plaisir de fracasser brutalement ses jouets les uns contre les autres (Bay), mais plutôt celui de chercher à tout prix une harmonie entre eux, d’associer dans d’improbables Meccano scénaristiques, Playmobil et Lego, G.I. Joe et Barbie, dinosaures et pyramides, pour systématiquement, lorsque sonne la fin de la récré, écrabouiller le tout d’un coup de pied rageur.
Comme chaque film d’Emmerich, 2012 est un bric-à-brac invraisemblable où l’on essaie de démêler ce qui provient d’une bêtise involontaire (l’Afrique terre d’asile, de nouveau à coloniser : on croit rêver), d’un conservatisme familial indécrottable (un beau-père ne pourra jamais remplacer un père : seuls comptent les liens du sang), d’un populisme naïf (Président héroïque au milieu d’un Washington gomorrhéen) ou d’un idéalisme sincère (défense de l’environnement, lutte pour l’égalité, etc.). Honnêtement, on n’est pas certain d’y être arrivé, mais puisque le monde court à sa perte, quelle importance ?
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