De la comédie sentimentale teenage au film d’action un peu bourrin, Spider-man rate sa mue.
C’est un Spider-Man orphelinqui nous revient, cinq ans après le dernier épisode de la trilogie de Sam Raimi – qui aurait pu être une tétralogie si le studio n’avait viré son auteur et engagé un remplaçant pour ce reboot opportuniste – et dix ans seulement après la naissance, sur les décombres à peine déblayés des deux tours, d’une des plus belles sagas de superhéros qui soient.
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Dix ans, c’est aussi l’âge, à peu près, de Peter Parker lorsqu’il perd ses parents dans un suave et noir prologue, qui lance cet Amazing Spider-Man sur de bons rails, se dit-on. Or tout le problème du film, par la suite, vient justement de ces rails, des rails qui tracent un parcours droit, sans cahots et plutôt lent – on n’atteint jamais ici la vitesse fascinante des blockbusters modernes, comme Avengers ou Spider-Man 3, déjà –, alors que nous avaient été promises des virevoltes en skateboard sur le park rugueux de l’adolescence contrariée, depuis toujours la base de la mythologie Spider-Man.
Orphelin, disions-nous : c’est qu’une fois ses parents disparus (dans un accident de voiture louche), notre Peter Parker rebooté et équipé de sa petite planche à roulettes va faire, plusieurs fois et de façon appuyée, l’expérience traumatisante de la perte d’un père.
Très belle idée sur le papier, qui avait simplement besoin d’une chose, un truc tout simple que les décisionnaires hollywoodiens oublient parfois : un cinéaste.
C’est ainsi Marc Webb qui a décroché le contrat sur la foi d’un seul film indé sorti il y a deux ans, (500) jours ensemble, minuscule comédie romantique à l’habillage branchouille et au style publicitaire – logique, c’est de là qu’il vient.
Alors, certes, il n’a pas que des défauts, et on peut notamment lui reconnaître du talent pour la direction d’acteurs.
Mais dirige-t-on vraiment Andrew Garfield, magnifique en ado renfrogné qui s’ouvre aux charmes empoisonnés de la puissance arachnéenne ?
Pour le reste, il se contente du strict minimum. Soit une installation qui colle de très près à celle de Raimi (on note les petites différences, c’est rigolo dix minutes), puis un envol progressif vers ce qu’on devine être le cœur battant
du film (un roman d’apprentissage croquignolet, pas mal, sans plus), avant que Webb ne se prenne les pieds dans la toile gluante de son action movie, passage obligé dont son aîné s’acquittait nettement mieux.
Entre Peter Parker et les spectateurs, on se demande franchement qui est le plus orphelin.
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