Ce 23 juillet le militant de l’ONG Sea Shepherd Xavier Figarella, originaire de Corse, a été arrêté aux îles Féroé après s’être opposé au massacre de dauphins. En liberté conditionnelle, il nous raconte ce qu’il s’est passé et les raisons de son combat.
Les images choquantes du ‘grind’, massacre traditionnel de dauphins sur les îles Féroé, qui a eu lieu le 23 juillet à Bøur, ont largement circulé grâce à la vidéo réalisée par l’ONG écologiste Sea Shepherd. Les militants de cette organisation de défense des océans, présents sur le terrain, ont tenté d’empêcher la tuerie, en vain. Sept d’entre eux ont été arrêtés.
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Parmi eux un Français de 24 ans, Xavier Figarella, originaire de Bastia. Lui et ses camarades risquent 25 000 couronnes d’amende (soit 3000 euros), et deux ans d’emprisonnement car le Danemark (dont dépendent ces îles) autorise cette pratique sur les îles Féroé, alors qu’elle est interdite en Europe.
Joint par téléphone, le jeune militant corse nous explique avoir été arrêté, interrogé au commissariat et retenu une nuit en prison avant d’être de nouveau interrogé le lendemain matin. Il a été libéré le vendredi midi, et n’a pas le droit de quitter le territoire jusqu’à son procès, qui pourrait se tenir d’ici deux à trois semaines.
» La moitié des locaux ont applaudi »
Au bout du fil, alors qu’il se trouve à l’Est des îles Féroé, sa voix trahit encore sa colère lorsqu’il nous raconte la scène du ‘grind’ auquel il a assisté :
« Nous étions en patrouille en bateau à l’Est de l’archipel quand nous avons appris vers 14h qu’un grind avait été déclenché près de Mykinès, à l’ouest. Nous avons mis deux heures à arriver, tout était déjà bien coordonné sur place: le pod [le groupe de dauphins, ndlr] était mené par plus de 25 bateaux de pêche, et deux navires militaires veillaient au bon déroulement de l’opération. Ils nous ont interdit sans raison de nous approcher. Je suis alors parti à bord d’un semi-rigide avec une photographe vers le groupe de dauphins, tout en sachant qu’ils étaient déjà morts, pour semer le trouble, car nous ne pouvions rien faire d’autre. Deux semi-rigides de la marine nationale danoise nous ont coincés, ont confisqué notre caméra, et nous ont menottés à 16h50 ».
S’ensuit le massacre de 150 globicéphales, filmé par Sea Shepherd. Plus tard dans la soirée, un autre ‘grind’ fera 100 autres victimes. Sur cette vidéo, on voit deux militants de l’ONG se faire interpeller alors qu’ils se lancent sur la plage pour tenter de s’interposer (à 30 secondes).
Xavier Figarella relate l’ambiance sur terre à ce moment là :
« A 17h05, deux collègues ont été arrêtés sur la plage. Des policiers se sont jetés sur eux, et les ont menottés. La moitié des locaux ont applaudi, tandis que les autres, armés de couteaux et de crochets, se lançaient vers les dauphins sur le point de s’échouer ».
« Tuer les globicéphales, cela revient à tuer la planète »
C’est la première fois qu’il assistait à un ‘grind’. Il a rejoint le bateau de Sea Shepherd en avril, et la mission sur les îles Féroé a commencé en juin, après plusieurs escales. Officier de marine marchande de profession, il s’est « toujours senti préoccupé par l’environnement ». Il a rencontré l’ONG en décembre à Paris, lors d’un meeting où le fondateur de l’organisation, le capitaine Paul Watson, était là : « Je me suis dit que ces dauphins avaient besoin qu’on les aide. Tuer les globicéphales, cela revient à tuer la planète ».
Pour l’instant il n’a reçu aucune nouvelle des autorités françaises, mais lui et ses camarades ont le soutien de Sea Shepherd International. L’année dernière, 9 militants français avaient été arrêtés dans le même contexte. Ils avaient été interdits de territoire. Mais la loi s’est durcie depuis.
« Dès le moment où les dauphins sont repérés, ils sont déjà morts »
Quoi qu’il advienne des poursuites engagées contre lui, Xavier Figarella ne baisse pas les bras. Il est même renforcé dans ses convictions : « Je continue de patrouiller avec des équipes terrestres, et j’ai appris ce matin que je suis autorisé à retourner sur le bateau, avec lequel je vais pouvoir reprendre les patrouilles marines ».
Les autorités féringiennes défendent le ‘grind’ en expliquant perpétuer une tradition. Un argument absurde, selon le jeune militant : « Il y a 400 ans, ils n’avaient pas d’hélicoptères, de ferrys, de téléphones… Ce n’est plus de la chasse, c’est de la cueillette. Dès le moment où les dauphins sont repérés, ils sont déjà morts ». Cette fois-ci, à l’en croire, ce sont des touristes en excursion en hélicoptère qui ont signalé la présence des dauphins aux autorités.
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