Avec The Happiest man alive, son quatrième album en huit mois, l’épatant Baby Bird poursuit son vol sans battre de l’aile. Oiseau de bonheur ! Sans nouvelle de l’ineffable Baby Bird depuis décembre 95 autrement dit une sacrée paille , on se prenait à médire sur son compte : après trois albums publiés en […]
Avec The Happiest man alive, son quatrième album en huit mois, l’épatant Baby Bird poursuit son vol sans battre de l’aile. Oiseau de bonheur !
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Sans nouvelle de l’ineffable Baby Bird depuis décembre 95 autrement dit une sacrée paille , on se prenait à médire sur son compte : après trois albums publiés en rafale, le roitelet allait-il finalement nous faire le coup de la panne de sifflet, victime d’un trop plein d’orgueil à la façon du corbeau de La Fontaine ? Ou bien, tel Beck cloué en plein vol, Steve Jones jetterait-il prématurément l’éponge pour s’astreindre à de plus sages objectifs ? Après tout, personne ne lui demandait rien : un seul disque du niveau des siens par an aurait déjà suffi à sustenter bien des appétits. Mais puisque lui-même s’était imposé ces cadences infernales cinq albums en douze mois, puis une compilation reprenant les chansons choisies par ses fans , omettre de les honorer risquait de lui attirer en retour un tonnerre de lazzis digne de l’ouverture de la chasse. D’où l’expression spécialement bricolée pour lui : « Avoir l’oiseau plus gros que le ventre »… Finalement, loin de déballonner le superbe bidon qu’il exhibait sur la pochette de Fatherhood, le revoici fier comme un coq, sifflotant aux premiers jours du printemps dix-neuf nouvelles microchansons et s’autoproclamant en prime L’Homme le plus heureux du monde. Telle insolence aura le don d’agacer les pisse-froid, ceux qui ne jurent que par le labeur, les courbements d’échine et les accouchements douloureux. On est désolés pour ceux-là, mais Baby Bird pète la forme, malgré ce régime sec plus que jamais de rigueur, malgré ces conditions d’existence précaires dont personne (hormis lui-même et quelques valeureux aventuriers du Grand Nord) ne supporterait les contraintes. Diaboliquement résistant, allant même jusqu’à repousser l’envie d’étoffer un peu sa formule, Steve Jones traverse la quatrième épreuve de son marathon discographique sans montrer de signes d’étouffement, sans avoir recours au moindre effet anabolisant. Son secret ? Une douce paresse qui prive heureusement ses chansons de toute montée d’adrénaline, d’accélérations intempestives qui risqueraient d’emballer la machine. Baby Bird pond beaucoup mais sans jamais fatiguer ses nerfs et en prenant soin de ménager les nôtres. Ses petites guitares frêles, ses orgues barbares, sa voix mal réveillée : rien ici ne bouscule son petit désordre établi, rien n’autorise non plus qu’on lui vole dans les plumes. Depuis six mois, on aura vu toute l’équipe des bras cassés du lo-fi cracher leurs petits poumons de tuberculeux sur le bord de la piste, tandis que Baby Bird survolait la course sans même leur prêter attention. Il y a du lapin Duracel chez cet oiseau-là.
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