One Way Ticket

Trois noms qui comptent : Peter Case, Paul Collins, Jack Lee. Et des chansons de la même trempe: Hanging On the Telephone, Working Too Hard, One Way Ticket… Référence absolue pour toute la palette chromatique de la power-pop, les Nerves scelleront dès 1975 le premier pacte fédérateur et noble entre mélodie et énergie. Plus encore qu’un éventuel rôle réducteur de chaînon manquant, le trio prit à sa charge la mise en place d’un véritable pont aérien et aéré entre la délicatesse des Byrds ou des Beatles et une Amérique plus musculeuse dont le spectre s’étendait alors du MC5 à Creedence Clearwater Revival.

            {"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
          

Premier groupe à avoir ainsi donné de l’élégance à la rugosité binaire, ils ouvrirent la voie à la vague inaugurale du punk californien et convieront les cousins new-yorkais Mink DeVille ou Ramones à s’aventurer jusqu’à Los Angeles, avant de s’éclipser aux premières heures de l’année 1978. En avance de quelques longueurs, sacrifiés sur l’hôtel d’une époque charnière et de fait manichéenne, inapte donc à goûter leur sucré/salé farouche, ils ne bénéficieront d’aucun des espoirs qu’ils offrirent au rock’n’roll, et n’enregistreront qu’un unique EP pour le compte du label visionnaire Bomp.

Réédités pour la première fois en CD avec l’accord des trois protagonistes, ces instants de grâce absolue côtoient sur le présent album les rares autres enregistrements disponibles et quelques extraits de concerts. De l’incontournable Hanging On the Telephone, maintes fois revisité par Blondie, L7 ou Cat Power, à d’autres Paper Dolls et When You Find Out tout aussi substantiels, ce One Way Ticket est la matrice d’un lyrisme sobre et d’une fougue maîtrisée. Rien n’y manque. Rien ne l’entrave.

Peter Case avec les Plimsouls et Paul Collins avec The Beat continueront d’explorer le terrain pop avec un égal bonheur et la même habileté. Mais l’histoire reconnaissante leur attribuera à jamais le statut de valeureux et lumineux précurseurs.