Le retour en grande forme et en live d’un des pianistes légendaires du jazz.
A 70 ans, on peut lancer son propre label. McCoy Tyner, géant du jazz (partenaire de John Coltrane pendant plusieurs années, d’Art Farmer
et de Benny Golson), décide de prendre son indépendance. Cet enregistrement live en quartet au Yoshi’s, un club d’Oakland, inaugure une série de parutions dans le courant de l’année : suivront Five Guitars ce printemps, avec John Scofield, Marc Ribot, Bill Frisell et Derek Trucks, et One Night in San Francisco, un autre disque en public, mais en solo, à découvrir en septembre. L’homme et le musicien sont donc en pleine forme, ce que confirme magistralement
cet opus. Entouré de Joe Lovano au saxophone ténor, de Christian McBride à la contrebasse, de Jeff “Tain” Watts à la batterie, le pianiste affiche puissance, expressivité et sagesse dans un style à la fois fluide et posé. Son jeu cristallin, lyrique, retrouve avec ce quartet de haut vol une envergure qui rappelle
la dimension de ce personnage discret dans l’histoire du piano et du jazz. Souvent en trio ces dernières années, McCoy Tyner cède davantage de place à
ses partenaires – notamment Joe Lovano, plus coltranien que jamais –, se fond dans le groupe avec cette science de l’accompagnement qui conduit l’auditeur à tendre l’oreille sur ce qui se passe partout en même temps, pour mieux revenir au premier plan sur ses interventions déliées. Le natif de Philadelphie a mûri son style sans le révolutionner, ou plutôt dans une révolution lente et permanente. Son phrasé en accords élégants donne une impression de plénitude, de souffle. Cet album de jazz sonne au final comme une mise en perspective de ce que cette musique continue de renfermer de profond, de charnel, quand elle est jouée par ses meilleurs ambassadeurs, puis comparée
à l’immédiateté des productions actuelles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}