Il leur aura fallu quelques mois à peine pour réaliser leur prouesse : transformer un ancien lycée technique abandonné en plein 19ème arrondissement en friche culturelle de haut niveau. Les artistes du DOC sont sous le coup d’une menace d’expulsion fixée au 26 décembre. Et espèrent en cette fin d’année un autre miracle : celui de voir leur projet examiné, et pourquoi pas soutenu, par le tout nouveau Conseil régional d’île de France.
On les avait laissés dans l’entre-deux tours des régionales. L’avenir des 48 artistes plasticiens, graphistes ou musiciens du DOC, une fabrique installée dans un ancien lycée technique du 19ème arrondissement de Paris, était alors suspendu à une décision politique, de gauche ou de droite, pouvant surseoir à un avis d’expulsion qui prendrait effet le 26 décembre prochain.
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Interviewé à l’époque, Julien Dray, encore vice-président du Conseil régional d’Île-de-France chargé de la culture, avait déclaré : « Si nous restons, nous pourrions imaginer en faire une fabrique culturelle, un label que nous avons créé il y a deux ans ».
Depuis, les Républicains ont remporté la région et l’affaire est au point mort. « L’urgence de la situation, avec cette décision fixée au 26 décembre, rend toute discussion stérile, nous demandons du temps afin que le nouveau Conseil régional puisse examiner sereinement le sérieux de notre dossier » plaide Justin Meekel, l’un des artistes engagés corps et âme dans ce projet ambitieux.
Du temps, il en faudrait aussi pour que Valérie Pécresse, élue en île de France avec 43,80 % des voix, se souvienne de ce vœu émis lors de sa campagne : « Les lycées, les gares, les universités et tous ces bâtiments municipaux trop souvent vides pourraient devenir des lieux d’accueil et de diffusion de nos jeunes artistes« .
Le DOC n’est pas une initiative spontanée parmi d’autres, mais une réponse tangible et inventive à un déficit criant de lieux de production et de travail pour les artistes en île de France. Sur la forme aussi, on est bien loin du squat, plutôt dans un prolongement pensé de l’école d’art, avec ses ateliers individuels, ses espaces partagés animés par des semi-professionnels (pôles bois, métal, photo ou son), ses lieux d’exposition et ses bureaux. Les artistes et institutions du champ de l’art contemporain, eux, ne se s’y sont pas trompés qui ont manifesté massivement leur soutien ces dernières semaines. La pétition en ligne « Pour DOC, espace artistique indépendant à Paris » a ainsi recueilli plus de 2500 signatures dont celles des artistes Daniel Buren, Pierre Huyghe ou Thomas Hirschhorn, ainsi que les nombreux soutiens d’institutionnels comme Xavier Franceschi, directeur du Frac île de France, Emmanuel Tibloux, président de l’association des écoles d’art, ou Nicolas Bourriaud, ex directeur des beaux-arts de Paris (d’où sont issus beaucoup des jeunes artistes du DOC) aujourd’hui en charge de la préfiguration du futur centre d’art contemporain de Montpellier. « Le DOC fait partie de ces initiatives qui produisent l’oxygène dont la France a besoin » a déclaré ce dernier, « Soyons cohérents et soutenons à 100 % une initiative qui devrait devenir norme ».
Un véritable cadeau de noël, bien ficelé, que la nouvelle région aurait tout intérêt à recevoir les bras grands ouverts.
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