El consort pasa Lucas Ruiz de Ribayaz Luz y norte (Andrew Lawrence-King & The Harp Consort) Lawrence-King et son Harp Consort réinventent l’usage des cordes qu’ils jugent injustement négligées. Dans The Harp Consort, on ne trouve que des gens très respectables, des types avec des diplômes gros comme ça et des brevets de musicologie appliquée. […]
El consort pasa Lucas Ruiz de Ribayaz Luz y norte (Andrew Lawrence-King & The Harp Consort)
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Lawrence-King et son Harp Consort réinventent l’usage des cordes qu’ils jugent injustement négligées.
Dans The Harp Consort, on ne trouve que des gens très respectables, des types avec des diplômes gros comme ça et des brevets de musicologie appliquée. Andrew Lawrence-King, le chef du collectif, est lui-même un garçon sérieux et travailleur, qui enseigne dans les meilleures high-schools et réside sur les terres coquettes et pacifiques de Guernesey. Pourtant, ces gens-là ont une idée fixe, un truc fou qui, s’il devait être mis à exécution, suffirait à réduire au chômage technique la quasi-totalité des musiciens baroques. Spécialistes de la harpe, de la guitare, du luth, théorbe et autres cordes pincées, ces messieurs-dames ont tout bonnement l’intention de mettre leurs guimbardes préférées au service de toutes les musiques usuellement réservées aux violes, cuivres ou flûtiaux. Ça n’a l’air de rien, mais ça peut mener loin. A l’appui de ces sombres visées, Lawrence-King se fonde sur la conviction profonde que les instruments dits « de continuo » ont été jusqu’ici injustement négligés dans l’exécution des musiques renaissantes et baroques. Adieu donc crins et archets, bonjour chitarrones, harpe et guitaras dont le délicat concert apporte toute sa pertinence sonore sinon historique au projet.
Luz y norte, premier jalon de l’édifice, est un recueil de pièces espagnoles et sud-américaines du xviie siècle reconstituées dans leurs atours d’origine. « Ces musiques sont arrivées d’Espagne avec les conquistadores, précise notre harpiste érudit. Les Indiens les ont adoptées et les ont adaptées à leur goût. A leur tour, ces danses sont revenues en Espagne, mais gorgées d’une énergie et d’une saveur nouvelles qui leur donnaient un petit cachet « extraterrestre ». L’exemple type, ce sont les « xacaras », ces danses de rue associées aux prostituées, aux proxénètes et aux criminels des danses que l’Eglise condamnait en son sein, les jugeant trop bizarres et trop sexuelles. Ça ne les a pas empêchées de se répandre partout, tout comme de nos jours le rap quitte la rue pour envahir tous les domaines. » Pas étonnant donc de reconnaître sur Luz y norte des sonorités proches de ce que l’on peut encore entendre chez les groupes sud-américains, quatuors de guitare à la bolivienne et rythmes andins. Plus inattendue, la présence de John Paul Jones (ex-bassiste de Led Zeppelin), pour deux bonus-tracks facétieux, promis à un bel avenir de single. Car Lawrence-King et consorts sont bien déterminés à brouiller les pistes et à tenter toutes sortes d’expériences promettant, après ce tour de chauffe latino, une incursion vers l’Irlande baroque et les concertos de Bach ou Vivaldi transcrits pour cordes pincées. Avec, chez le meneur de groupe, cette obstination à passer toute l’histoire musicale au tamis de sa harpe qui devrait lui valoir, au choix, la reconnaissance des foules ou la camisole de force.
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