Figure de l’islam chiite dans un pays, l’Arabie Saoudite, à tendance wahhabite – issu du sunnisme – l’ayatollah Nimr Baqer Al-Nimr a été exécuté samedi causant une inquiétante vague de protestation en Iran et dans le Moyen-Orient.
Il s’appelait Nimr Baqer Al-Nimr, et portait le titre d’ayatollah – l’un des grades les plus élevés décerné à un membre du clergé chiite – dans la ville d’Al-Awamia en Arabie Saoudite (à majorité sunnite). Considéré comme une figure de la contestation dans ce pays, il a été exécuté le samedi 2 janvier, avec quarante-six autres personnes condamnées pour « terrorisme ». Cette exécution a suscité la colère de l’Iran (à 90% chiite): à Téhéran, des manifestants s’en sont pris à l’ambassade saoudienne, et à Machhad, dans le nord du pays, c’est le consulat qui a été attaqué. En représailles, l’Arabie Saoudite a déclaré, dimanche, rompre toute relation diplomatique avec l’Iran, provoquant une nouvelle étape dans la tension entre les deux pays.
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En 2012, il se réjouissait de la mort du prince héritier Nayef
Nimr Baqer Al-Nimr est né en 1960 dans le village d’Al-Awamia en Arabie Saoudite. Après ses études, il part en Iran en 1979 pour étudier le chiisme, avant de poursuivre ses études en Syrie. En 1994 il revient en Arabie Saoudite où ses relations avec les autorités sont tout de suite tendues. En 2003, il est placé en détention, alors qu’il exerce en tant qu’imam dans son village de naissance.
Au moment des révolutions du printemps arabe dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, le cheikh Al-Nimr, mène un mouvement de contestation dans la province orientale de l’Arabie Saoudite. Dans cette région, l’Islam chiite est majoritaire, contrairement au reste du pays, où domine le wahhabisme sunnite. Ses prêches jugés provocateurs par le royaume saoudien ont fait de lui une cible. En 2012, il se réjouissait de la mort du prince héritier Nayef. En 2011, il appelait l’est de l’Arabie Saoudite – et la capitale régionale chiite Qatif – à faire sécession pour se rapprocher deBahreïn, pays officiellement sunnite mais aux trois quarts chiite – où de violents affrontements ont également eu lieu ces dernières heures.
Le cheikh Al-Nimr avait une réputation assez dure par rapport à d’autres dirigeants religieux chiites plus modérés, comme le cheikh Al Safar, explique Le Monde. Mais selon des proches du cheikh, cités par le quotidien britannique, il évitait soigneusement tout appel à la violence. En octobre 2014, Al-Nimr avait été condamné à mort pour sédition, désobéissance au souverain et port d’armes par un tribunal de Ryad. Cette condamnation avait déjà été fortement critiquée par les organisations internationales de défense des droits de l’homme.
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