Peu après la sortie, du côté de chez nous, de son épatant O Deus Que Devasta Mas Também Cura, le Brésilien Lucas Santtana entame une petite tournée en Europe. Celle-ci passait étonnamment par Grenoble, dans cette chouette salle qu’est l’Ampérage. C’était hier soir, on y était, on raconte.
On le disait il y a peu : Lucas Santtana est un prodige. Confirmation sur scène hier soir, à Grenoble, lors d’une de ses (très) rares prestations en France. Accompagné de l’historique Rémy Kolpa Kopoul – journaliste inimitable et DJ excentrique à ses heures perdues – le Brésilien a joué avec le feu et fait fondre la neige de la capitale des Alpes, dans une de ces petites salles qu’on adore : l’Ampérage.
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O Deus Que Devasta Mas Também Cura, son récent album, donnait déjà un aperçu de ce que peut être la perfection. Sur scène, Lucas Santtana transcende ses partitions et guide la pop vers des chemins inattendus, que seuls une décontraction extrême et un sens absolu du cool permettent d’arpenter.
Après une première partie assumée par le collectif local Geração Capoeira, tout en percussions et danse combative (forcément), le petit génie du sud entame une anti- histoire de la MPB : la música popular brasileira se couvre ici des couleurs de l’electro, dans des dégradés feutrés et précis que les géographies et les époques peinent à expliquer complètement.
Musique actuelle mais ô combien savante, la pop de Lucas Santtana se fait tantôt electronica délicate, tantôt bossa en combi blanche du futur, tantôt folk fluo au romantisme nonchalant, tantôt rock latino explosant de soleil : de l’electropicale qui réconcilie les hémisphères – de la musique-monde de geek élégant, obsédé du sampler et virtuose de la guitare, champion du monde de la Game Boy musicale bricolée à la maison.
« Nous parler français pas bien ! », disent-ils. Évidemment : leur langage est universel. Le son concave et doré du ukulélé, les guitares lointaines mais limpides, l’orchestre de cuivres samplés : la musique de Lucas Santtana est à la fois une fuite tarantinesque sur le littoral et un bal feutré d’arrière-pays. Toujours un peu fiévreuse, toujours folle, jamais trop sérieuse : c’est une fête.
Quelques mots d’anglais viennent colorer, de-ci de-là, ce portugais chantant, cramé par les latitudes. On comprend l’essentiel. Entre chaque morceau : un enthousiaste « super ! ». Ça aussi, on comprend : le plaisir partagé, la communion avec le public, la paix d’une petite salle abritant un grand concert.
Rappel. Electro sombre et guitare acoustique. Lucas danse, se déhanche, puis s’éclipse. L' »ambassadeur de la musique brésilienne en France » (dixit Lucas Santtana), Rémy Kolpa Kopoul – alias DJ RKK –, prend le relai. Avec son style impossible – qui fait tout son charme – RKK fait danser les femmes (et les hommes, un peu) avec un DJ set entre techno et rythmes tribaux, entre raggae et kuduro. Il est 22h, la nuit ne fait que commencer : on est à l’heure brésilienne pour un bon moment.
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