Après avoir exploré l’univers trouble de la psychanalyse (« A Dangerous Method ») et après avoir suivi les errances nocturnes d’un milliardaire au bord du gouffre (Cosmopolis), David Cronenberg s’apprête à réaliser un film sur Hollywood.
Variation des corps et aliénation des esprits : l’œil de Cronenberg regarde ce qui d’ordinaire dans l’industrie du spectacle ne se montre pas. Perçant, il traque les ombres, les non-dits, en alourdit parfois les contours pour mieux conduire le public à s’interroger sur l’intégrité de ses miroirs.
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Terroriste, il sabote l’image confortable des acteurs pour en faire jaillir une matière inédite, une substance nouvelle. Le dandy et ténébreux Jeff Goldblum qui, dans La Mouche, devient soudainement monstre difforme ; le propret James Spader qui, dans Crash, raffole de sexe et d’accidents de voitures ; l’élégant Ralph Fiennes, miséreux et schizophrène dans Spider ; la séduisante Keira Knightley hystérique et angoissante dans A Dangerous Method ; et enfin Robert Pattinson dans Cosmopolis, d’ordinaire vampire pâlot pour midinettes, ici milliardaire désabusé et cynique.
Du coup, ce n’est pas une réelle surprise d’apprendre que Maps to the Stars, son nouveau projet écrit par Bruce Wagner et produit au passage par le français Saïd Ben Saïd, traitera d’Hollywood. Cœur palpitant de l’artificialité sérielle, usine à fabriquer des corps et des rêves, Hollywood incarne tout ce contre quoi lutte Cronenberg depuis plus de 45 ans (Transfer, son premier court, date de 1966).
Ce combat, il le mènera de nouveau avec Viggo Mortensen et Robert Pattinson (deux emblèmes déjà distordus par le cinéaste) et Rachel Weisz, comédienne elle aussi installée, que Cronenberg se fera sans doute un malin plaisir à remodeler.
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