(Démontage) Fondé sur l’exode de 1940, en France, cette bluette historique aux traits épais ne convainc guère.
Le film est inspiré par des témoignages sur l’exode de 1940, tel que l’ont vécu les habitants d’un petit village de la région d’Arras, dont le maire est interprété par le sympathique Olivier Gourmet. Ils fuient vers Dieppe sans trop se précipiter, évitant les routes principales déjà saturées, inventant ainsi l’itinéraire bis. Quand ils ont une décision à prendre, ils réunissent le conseil municipal sur le bord de la route. Pépouzes et républicains ; inquiets, mais sans plus. Parallèlement, sont contées les aventures d’un officier écossais isolé de son armée, d’un petit garçon allemand, Max, en quête de son papa, résistant antinazi réfugié en France.
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La construction de l’Europe par le vin
Le sentimentalisme (bien entretenu par la partition d’Ennio Morricone), le pittoresque, le caricatural (tous les Ecossais savent jouer de la cornemuse) pour ne pas dire l’anecdotique (Gourmet, déjà “résistant”, a appelé l’un de ses chevaux “Hitler”). Tout est confus, prophétique, voire anachronique (l’Ecossais pousse le gentil Allemand à rejoindre Londres…).
Les personnages secondaires sont bourvilesques, comme celui joué par Laurent Gerra, resté seul au village suite à une cuite aux grands crus dans sa cave. Il sympathisera avec l’Allemand anti-nazi et l’officier écossais égaré, of course connaisseur en bourgognes – soit la construction de l’Europe par le vin. Sinon, les soldats allemands sont en gros sympathiques (ils balancent des plaques de chocolat depuis leurs chars Panzer).
Des irruptions psychologiques saugrenues
Le seul nazi avéré est un civil, un cinéaste de propagande (qui, ouf !, finira mal). Les aviateurs qui tirent sur les populations n’ont ni corps ni visage. Les soldats allemands subclaquants sont dignes de pitié, ils ont peur, ils sont donc humains.
Christian Carion, le réalisateur du film, a toujours prôné la réconciliation entre les peuples (Joyeux Noël filmait la fraternité dans les tranchées). Parfois, le propos se perd dans des irruptions psychologiques saugrenues : Mathilde Seigner rappelle à Gourmet que l’institutrice n’est pas sa fille.
La guerre, c’est moche
Que dit ce film ? Que la guerre, c’est moche et que l’exode serait l’histoire de huit millions de gens qui fuyaient leurs chez-eux pour une vie meilleure ailleurs… Et non pas une fuite devant un ennemi conquérant qui fait peur, ni un ”mouvement migratoire”. Et pourquoi pas un départ vers le Nouveau Monde (Gourmet proposant à Seigner de partir au Canada, et cette caravane de chariots qui rappelle certains westerns) ?
De là à en conclure que En mai fais ce qu’il te plaît est un film sur les réfugiés syriens aujourd’hui, il n’y a qu’un pas que le film nous permet de franchir. Délirant. Christian Carion est possiblement un homme très sympathique, mais un piètre cinéaste et penseur de la guerre.
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