Avec leur nouveau site Diacritik, quelques universitaires et journalistes apportent un regard vif sur l’actualité culturelle.
Depuis son lancement fin septembre et déjà près de 200 articles au compteur, le nouveau magazine en ligne Diacritik se forge peu à peu une place tonique dans le paysage de l’actualité culturelle. Le format assez long des papiers, autant que le souci d’en diversifier les contours et les sources d’inspiration, témoignent de la vitalité du projet piloté par trois universitaires et journalistes plongés dans les circuits de la création artistique sous toutes ses formes : Johan Faerber, Christine Marcandier et Dominique Bry, déjà présents sur Mediapart.
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L’éclectisme des sujets illustre la volonté du site de “mettre l’accent sur la culture”, de la plus populaire à la plus pointue, “en traversant” les champs et les disciplines, en “croisant les voix”, en “laissant les arts dialoguer, les critiques se répondre, se mettre en regard et en perspectives”.
Curiosité sincère
Un stimulant dossier consacré à Roland Barthes donna d’emblée la couleur du projet, comme si le désir cher au sémiologue de commenter et interpréter les signes, les images et les textes de son temps constituait aussi un héritage pour ces critiques ouverts à tout, à la culture savante autant qu’aux objets populaires.
Entre longs entretiens – avec le philosophe deleuzien Jean-Clet Martin ou avec le romancier Hédi Kaddour – et analyses argumentées d’objets culturels mainstream – le feuilleton Plus belle la vie, analysé sous l’angle de la représentation assez subversive qu’il offre de l’homosexualité féminine… –, Diacritik pratique l’art du grand écart avec un plaisir contagieux, conféré par sa curiosité sincère pour des œuvres disséminées dans “le laboratoire de la culture telle qu’elle se construit aujourd’hui”.
Goût de la critique culturelle
“Porter un autre regard sur les œuvres, changer de point de vue – au sens strict du terme – en faisant un pas de côté” : le geste revendiqué par l’équipe de Diacritik apporte un vent frais au paysage de la critique qui, même s’il n’est pas encore un champ de ruines dans la presse française (souvent soucieuse de lui consacrer de la place, malgré tout), subit de plus en plus les effets d’un rejet diffus de posture.
La crise que traversent par exemple nombre de magazines et revues consacrés à la littérature (La Quinzaine littéraire, Le Magazine littéraire, Lire…) en forme un indice parmi d’autres. A cette restriction de la critique dans la presse grand public s’oppose aujourd’hui la prolifération de micro espaces en ligne dont Diacritik forme l’un des visages les plus vifs. De Nuit & jour (“le quotidien culturel des temps modernes”) à Bookalicious (“lire, c’est bien”)…, le goût de la critique culturelle s’épanouit sous d’autres cieux journalistiques, moins soumis aux diktats de l’actualité, plus aventureux dans le récit de la pensée du contemporain.
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