La rhétorique réactionnaire dominée par la figure d’Eric Zemmour a produit des épigones, comme Charles Consigny, nouvelle jeune grande gueule en vue.
En visant depuis une petite dizaine d’années quelques cibles éternelles – Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, Eric Brunet, Ivan Rioufol… –, les progressistes fâchés avec les élites médiatiques dominantes auraient de quoi cauchemarder s’ils prêtaient attention à leurs discrets épigones qui se répandent dans le PAF.
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La ritournelle réactionnaire, longtemps incarnée par des figures cotées sur le marché des idées (en termes d’audiences, de ventes, de buzz…), ne cesse de s’étendre dans les circuits médiatiques, selon une logique imparable : à la demande confuse d’une opinion publique de plus en plus crispée et rétrograde s’ajustent mécaniquement des jeunes voix cyniques et ultradroitières.
Fiel de petit con arrogant
Parmi elles, celle de Charles Consigny se distingue, du haut de ses 26 ans, par l’intense énergie déployée dans la défense d’un système de valeurs néoconservateur. Chroniqueur dans la bien-nommée Les Grandes Gueules de RMC – un laboratoire à ciel ouvert de la rhétorique populiste du moment –, Charles Consigny s’amuse à afficher son mépris face à des personnalités souvent séchées par son fiel de petit con arrogant. Même Guy Bedos ou Rokhaya Diallo, qui en ont vu d’autres, avaient l’air désemparé par sa cuistrerie satisfaite et bête. S’il se revendique “franc-tireur”, il n’est que le prolongement d’une vieille tradition de la droite antisociale et antihumaniste.
Jeune auteur d’un roman, L’Age tendre, beau gosse, éditorialiste sur lepoint.fr, ce Charles-là pourrait se contenter d’assumer, avec un certain talent oratoire, le rôle du réac de service, sans y croire vraiment, répondant à la loi d’airain médiatique du jeu de rôle ; sauf que malheureusement, ses propos affligeants semblent habités par sa sincérité.
Dégoût de la diversité culturelle
Il suffit de l’écouter déverser sa haine des valeurs progressistes, son mépris du social, son dégoût de la diversité culturelle, sa critique de l’antiracisme, au nom de son supposé refus du conformisme, pour se convaincre de la contamination de la posture “zemmourienne” dans une nouvelle arrière-garde incarnée par ce jeune moins “tendre” qu’il ne le proclame.
Sa pénible logorrhée procède d’un autre héritage florissant : la prospérité de la “grande gueule” dont RMC a perfectionné le geste et amplifié le territoire. Si celles qui entourent Cyril Hanouna, comme l’insupportable Gilles Verdez, restent assez inoffensives en dépit de leurs désolantes pitreries, la grande gueule de Charles Consigny forme en tout cas le symptôme d’un air du temps où les réacs de moins de 30 ans perpétuent, à la coule, les abjections de leur aînés.
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