Dans un documentaire exclusif diffusé mardi 3 novembre sur RMC Découverte, l’un des derniers survivants du commando de l’OAS qui a tenté d’assassiner le général de Gaulle le 22 août 1962 dans la ville de Clamart accuse Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances, de les avoir aidés dans leur entreprise meurtrière.
C’est l’une des tentatives d’attentat les plus célèbres de la Ve République et elle n’a peut-être pas levé tous ses secrets. Mardi soir, à 20h45, sera diffusé sur la chaîne RMC Découverte un documentaire exclusif sur l’attentat du Petit-Clamart, dans lequel un commando de l’Organisation armée secrète (OAS, groupe militaire clandestin pour défendre l’Algérie française) composé de quelques hommes a tenté de tuer le général de Gaulle le 22 août 1962, soit quatre ans après son retour au pouvoir et un mois seulement après le référendum d’autodétermination de l’Algérie.
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Exclusif, car l’équipe des Grains de sable de l’histoire, le programme qui a produit cette enquête, a pu recueillir le témoignage de Lajos Marton, un des rares membres vivants de ce que le commando avait appelé « l’opération Charlotte Corday ». Interrogé par Eric Brunet, l’ancien officier hongrois de 84 ans affirme que le ministre des Finances de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, informait les membres de l’OAS.
Il aurait informé les membres du commando
« Le général de Gaulle, accompagné de son épouse, se rend à l’aérodrome de Villacoublay. Il traverse un carrefour, au Petit-Clamart, rembobine BFM TV. Soudain, une première rafale de balles vient frapper les véhicules du cortège, qui décident d’accélérer. D’autres tireurs embusqués à quelques mètres ouvrent également le feu. Une balle passe à quelques centimètres du général. En tout, près de 150 cartouches sont tirées, dont une quinzaine directement sur la DS19 du président. »
Comment les membres du commando étaient-ils au courant des faits et gestes du président ? Ils avaient des informateurs au sein même de l’Elysée, assure calmement Lejos Marton. Jacques Cantelaube, le responsable de la sécurité du président, était une de ces taupes. Mais pas seulement ! L’officier incrimine aussi Valéry Giscard d’Estaing :
« On nous a dit au début: il y a quelqu’un qui assiste à tous les conseils de ministres. Et par la suite, ils nous ont dit: « Ce n’est autre que Giscard d’Estaing. »
« Giscard était un informateur de l’OAS »
Il semble étonnant d’associer le nom de celui qui est ministre de l’Economie et des Finances sous de Gaulle (1962-1966), puis sous Pompidou (1969-1974) et président de la République (1974-1981), à une organisation terroriste telle que l’OAS, qui plus est dans une opération qui visait à assassiner son président.
Pourtant, VGE avait déjà été désigné publiquement comme informateur de premier ordre par Jean-Marie Bastien-Thiry lui-même, le lieutenant-colonel en charge de l’opération Charlotte Corday, fusillé en 1963. « M. Giscard d’Estaing dès cette époque, était inscrit à l’OAS dans l’un de ses réseaux, sous le numéro 12B », aurait-il déclaré selon Nostalgérie, l’ouvrage de l’historien Alain Ruscio consacré à l’OAS.
Mais ce n’est pas tout : un autre grand leader de l’extrême-droite a récemment révélé des liens entre l’OAS et Giscard. Il s’agit de Pierre Sidos, le fondateur des mouvements Jeune Nation et Occident et de L’Œuvre française. Interrogé en avril 2013 par la revue Charles, Sidos affirme que Jeune Nation avait fourni des armes pour mener à bien l’attentat du Petit-Clamart, mais sous certaines conditions : « J’ai rencontré le colonel Bastien-Thiry et nous lui avons fourni des armes ». Mais il a fini par en reprendre une partie car il s’opposait à ce que l’opération soit menée en présence d’Yvonne de Gaulle. Il a ensuite été « dénoncé à la police » et a « appris l’attentat en captivité en même temps que son échec ».
Mais Pierre Sidos n’en était pas moins un fervent défenseur de l’Algérie française et un proche de l’OAS, et il soutient lui aussi que VGE entretenait des liens étroits avec l’organisation :
« Giscard d’Estaing était membre du Conseil des ministres sous de Gaulle et à cette époque, il transmettait des informations à l’OAS. »
Pour l’instant, Giscard n’a pas souhaité répondre aux documentaristes des Grains de sable de l’histoire au sujet de l’accusation de complicité portée par Lajos Marton.
« L’attentat du Petit-Clamart », Les Grains de sable de l’histoire, RMC Découvert, mardi 3 novembre 2015, 20h45.
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