Le duo des Tarterêts s’est offert hier la scène du Yoyo pour un showcase à haute température, à l’occasion de la sortie de leur deuxième album, « Le Monde Chico ». On y était, on vous raconte.
Pour le tout premier concert de PNL, nouvelle météorite du rap français accrochée depuis lundi en tête des charts, le Yoyo était tendu comme un petit string. Le Yoyo si vous ne connaissez pas c’est le club collé au-dessous du Palais de Tokyo, un endroit hypé comme il faut et donc le réceptacle idéal pour cette première performance du duo des Tarterêts. Depuis le début de l’été, PNL a réussi un coup de force phénoménal : s’installer comme une évidence, sur les bases d’un son venu du futur et de textes d’une furieuse mélancolie. Tout ça en deux albums, sortis quasiment coup sur coup. Le premier s’appelait QLF (acronyme de Que La Famille), le second se nomme Le Monde Chico, et ce sont des extraits des deux qui nous accueillent au Yoyo, envoyés par un DJ un peu esseulé.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le public connait les paroles par coeur. Ça remue des fesses et des deux bras : tout le monde a imprimé la gestuelle molle et les tricks des deux PNL. Les doigts se croisent, les coudes bougent avec les poings serrés au-dessus des épaules, la tête tangue avec une lenteur inhabituelle pour le hip-hop. Beaucoup de garçons, trop peu de filles. Les gars ont soigné leur look, calqués pour certains sur celui de la clique PNL. Cheveux plaqués sur maillots du PSG, pilosité chiadée (mini-moustache, barbe organisée), sacoche DG pour transporter l’essentiel, sneakers ou même mocassins, blings de circonstance mais pas trop : le défilé est à la fois très seventies, italo-belge sur les bords, et d’une modernité absolue.
>> A lire aussi : “Le Monde Ou Rien” : pourquoi PNL traverse déjà la société
Le public de PNL colle les codes : c’est cité, c’est hipster, c’est internet, c’est un mélange qui rappelle celui inventé par ces jeunes gens modernes qu’on croisait dans les années 80. La fraîcheur est absolue, même s’il fait mille degrés à l’intérieur. Deux heures du matin, la foule commence à s’exciter. Le DJ en grande difficulté décide d’annoncer la clique des deux rappeurs sur scène, avec Abonné en toile de son. Puis le même DJ lance un morceau de rap lambda (enfin Rick Ross quoi). Ca siffle, des gobelets volent. Le Yoyo veut PNL, rien que PNL. « lls se préparent », s’excuse le DJ. Dans la fosse, les rumeurs fusent : « Paraît qu’ils font la sieste. » Certains les imaginent en train de regarder Ruquier ou de parodier l’un de leur titre phare Je vis je visser sur le mode Je di-je digère.
L’ambiance reste cool et sur les escaliers qui mènent au deuxième étage on voit quelques kékés bouger leur corps avec une grâce nouvelle, quasi métrosexuelle. Trois heures, c’est parti. Accompagnés de leurs gars, les deux Saiyan entrent sur scène, magnifiques derrière leurs lunettes de soleil. Ca commence sur Je vis, je visser et enchaîne sur PNL. « Salut la famille, vous êtes là ou quoi ? » Des lascars au double-mètre se dandinent sur l’autotune, les filles n’ont d’yeux que pour les corps sculptés de la team PNL. N.O.S et Ademo, c’est leur nom, déroulent : PTQS puis Simba, bien évidemment, font valser la foule. Arrive Dans ta rue et là surprise, Ademo lâche l’autotune. Le style est maîtrisé : « Téma les crocs. Ici on est trop, à se tirer dessus depuis le départ », rappe-t-il les yeux au ciel. Sublime. Avant le final, Ademo ressort son Mowgli du Diable Vauvert : « Igo je sors mon cul de rrain-te, mais balance Je suis pas un rappeur, sans vocoder je suis claqué. »
Derrière les titres enchaînés se bousculent des essais vidéos plutôt réussis. L’imagerie PNL est résolument cool, c’est le groupe de rap qu’il nous faut là tout de suite, celui d’une jeunesse débarrassée de ses peurs, de sa frilosité. La communauté PNL est belle à voir, elle sue son saoul dans un Yoyo blindé, qui se souviendra de ce show comme d’un moment fondateur, annonciateur. C’est bien évidemment Le Monde ou rien qui clôt la performance de 40 minutes (un poil court et sans rappel, dommage). En 98, NTM allumait le Zénith sur un final d’anthologie où Kool Shen prophétisait : « On recréera la dream team mais en mieux. » Hier soir au Yoyo, PNL a certainement emprunté ce chemin. Celui du monde de demain.
{"type":"Banniere-Basse"}