Après avoir conquis le web français, le jeune youtubeur rate sur scène son examen IRL.
“De sept à sept ans et demi”
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Faire rire sur internet, Norman Thavaud connaît bien. Près de 6,5 millions d’abonnés squattent régulièrementsa chaîne YouTube – la deuxième de France derrière son compère Cyprien. Le comique en ligne de 28 ans s’attaque maintenant à la scène. Après des débuts à la Cigale en février dernier, suivis d’une tournée en France, en Belgique et en Suisse, Norman joue actuellement son Norman sur scène au mythique Palace.
Debout sur les planches, le micro en main ou assis sur un tabouret de bistrot, avec sa guitare et ses lunettes noires, il a, en apparence, tout du parfait stand-upper. Pendant une heure, il déroule : le web, Tinder ou sa vie de petit provincial du Nord descendu à la capitale. Dans la salle, le (très) jeune public, de “sept à sept ans et demi” rit aux éclats. Leurs parents, forcés de les accompagner, un peu moins.
Entre Bigard et Leeb
Si Norman est drôle lorsqu’il évoque son ch’ti de père (Jacky), parle des gens qui le reconnaissent dans la rue (Salut, c’est toi internet ?) ou se moque des clashs de rappeurs (avec une excellente imitation de Booba), il flirte régulièrement avec la ligne jaune du bide. Dur de faire rire en évoquant les HLM de Montreuil (il y vit toujours) où “le seul Blanc, à part (lui) est un Congolais albinos”, les épiceries indiennes (“Tu sais direct que tu es en Inde, l’odeur du curry attaque tes vêtements”).
Quant aux vannes sur les SDF croisés dans le métro parisien, il est préférable de n’en rien citer. Après une heure de spectacle, Norman réussit un double tour de force : se caler pile entre la beauferie de Jean-Marie Bigard et les dérapages de Michel Leeb, et être moins drôle que sa première partie. Fortiche.
L’humour 2.0 ne part pas en live
Si ce titulaire d’une licence de cinéma peut, grâce au montage vidéo, limiter les dégâts sur YouTube, sur scène le faux pas ne pardonne pas. Même le génie de Kader Aoun (coauteur et metteur en scène de Jamel Debbouze) ne peut réussir de miracle. L’art du stand-up nécessite un sens aigu de l’observation, de l’empathie et du charisme.
Tout n’est pas à jeter chez Norman mais l’apprentissage de la scène se révèle bien plus long qu’une tuto vidéo sur YouTube. Son spectacle a toutefois le mérite de pointer les limites d’un genre en pleine explosion, l’humour 2.0, qui se révèle aussi fragile que la fameuse “bulle internet” une fois transposé IRL. On peut tout de même reconnaître une chose chez Norman : sa volonté de “transformer ces millions de vues YouTube en vrais visages”. C’est déjà ça.
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