Fruit de plusieurs années de travail qu’on confirme fructueuses , le premier album d’Attica Blues n’est pas à prendre à la légère. Ayant choisi avant d’autres un schéma qui pourrait actuellement faire figure de carcan ou de norme une chanteuse, un arrangeur-compositeur, un DJ : combien de possibilités ? , Attica Blues prouve […]
Fruit de plusieurs années de travail qu’on confirme fructueuses , le premier album d’Attica Blues n’est pas à prendre à la légère. Ayant choisi avant d’autres un schéma qui pourrait actuellement faire figure de carcan ou de norme une chanteuse, un arrangeur-compositeur, un DJ : combien de possibilités ? , Attica Blues prouve sans peine ses capacités à s’émanciper, à exhiber sa singularité. C’est une version moderne du blues à laquelle le trio s’attelle. Un blues qui, aux douze mesures réglementaires, aurait préféré la panoplie du B-boy, sans pourtant donner l’impression de participer à un bal costumé. Une tenue qui lui va comme un gant si possible aussi noire que ses racines. Mais ce qui, sur le papier, laisserait prévoir une rigidité épuisante un beat hip-hop, des scratches, une voix devient ici un impressionnant terrain de conflits où l’équilibre n’est jamais gagné, régulièrement maltraité par des cascades de cordes qui font souffler un vent de déraison lors de Blueprint, leur coup de maître initial ou de Gone too far. Osons alors imaginer des Tindersticks jeunes. Et puis aussi des Tindersticks noirs. Et tant qu’on y est, des Tindersticks moins intéressés par Scott Walker que par le rap de A Tribe Called Quest ou la soul des Young Disciples. Voilà à quoi ressemblerait alors leur musique : un hip-hop orageux où le ciel reste toujours sombre et épais. Mais un hip-hop qui se contient, à l’abri de toute précipitation lacrymale. C’est la chanteuse, une fois n’est pas coutume, qui porte sur ses cordes vocales le poids de cette musique, bouleversante sans tomber dans le pathos à gorge déployée. Et lorsque, sur fond de violons et de scratches, elle se lance à corps perdu dans de longues et troublantes plaintes, on aura une pensée pour toutes les chanteuses dites « à voix », françaises ou non, qui, au danger d’être bousculées dans leurs habitudes, préfèrent leurs mesquines certitudes et leurs écoeurants tours de chant. Roba El Assawi, elle, prend constamment des risques, celui de déplaire il faudra s’habituer à son timbre et à sa propension à occuper le premier plan mais aussi celui de se perdre en multipliant ses identités, mélancolique ou combative, imitant en cela son groupe : difficile à classer, facile à adopter.
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