La jeune artiste Mélanie Matranga s’expose au Palais de Tokyo.
Une remarque au passage : à visiter la nouvelle session d’expositions du Palais de Tokyo, on note combien les équipes actuelles ont su apprivoiser, domestiquer même cet espace gigantesque et labyrinthique. On se souvient avoir pesté au début de l’extension du Palais contre le marathon insupportable et fastidieux que nous imposaient ces nouveaux espaces et surtout son sous-sol impossible.
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Je me souviens même avoir, une fois, renoncé à y descendre. Cette chronique se veut donc une sorte de mea culpa expositionnel, pour souligner la qualité d’un travail collectif et plastique. Plusieurs raisons à cela : d’abord on s’habitue à tout, avec le temps. Ensuite la logique adoptée par Jean de Loisy et ses équipes a été de confier de grands espaces aux artistes, de constituer des ensembles monographiques imposants et qui valent mieux qu’une myriade de propositions singulières. Cette saison, cinq artistes seulement occupent le Palais, à raison d’un par étage. On respire et on pénètre mieux dans les univers de chacun.
Intérieur bourgeois remodelé trash
L’exposition au sous-sol de la jeune artiste Mélanie Matranga est, de ce point de vue, emblématique. Avec de bas et grands luminaires en papier de riz disposés dans l’espace, avec son salon-chambre-télé construit sous la forme d’une mezzanine en bois, et plus loin un intérieur bourgeois remodelé trash avec des moulages de plafond qui tombent mollement vers le sol, Mélanie Matranga fait de l’espace d’exposition un lieu d’intimité. Elle a même ajouté en fin de piste une chambre-fumoir.
Ainsi, la prise d’espace reste d’une douce sauvagerie, d’une rébellion intime. Le tout dans une ambiance postrelationnelle où l’on trouve des échos de Rirkrit Tiravanija ou de la collaboration entre Pierre Huyghe et les graphistes M/M, pour les lampes. C’est pour l’heure la meilleure saisie plastique de cet impossible sous-sol d’un Palais de Tokyo ramené à échelle humaine. Domestique et domestiqué.
La Vie magnifique (Lee Bul, Ugo Rondinone/John Giorno, Ragnar Kjartansson, Mathis Collins, Mélanie Matranga) jusqu’au 10 janvier au Palais de Tokyo, Paris XVIe, palaisdetokyo.com
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