Cannibal Ox, alias Vaste Aire et Vordul Megala, dernière trouvaille de l’excellent label hip-hop Def Jux, faisait partie du plateau des récentes Transmusicales de Rennes.
L’occasion de faire connaissance avec les auteurs du formidable The Cold Vein.
Vous souvenez-vous du premier disque de hip-hop que vous avez acheté ?
Vordul Megala : Je crois bien que c’était un truc de la bande des Native Tongues, De La Soul ou A Tribe Called Quest, je ne sais plus bien…
Vast Aire : Je crois que pour moi, c’était un disque de EPMD. Tous les autres disques de hip-hop que j’avais écoutés avant celui-ci m’avaient été donnés par des amis. D’ailleurs, les disques de ces gens-là, EMPD et les Natives Tongues, continuent encore aujourd’hui à influencer notre musique.
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VM : Après qu’on se soit rencontrés, à l’école, avec Gros on a passé des heures à écouter ces disques ensemble, chez nous, assis sur le canapé. Ça nous a donné envie de nous y mettre à notre tour. On a commencé à gratter quelques lyrics de notre côté, et un beau jour, on a décidé de franchir le pas, de quitter notre canapé et de monter sur scène, lors de soirées open mic.
VA : C’était autour de 1994. On connaissait des gens qui faisaient du hip-hop. On a récupéré du matériel à droite et à gauche. Peu à peu, le hip-hop s’est installé au centre de notre vie. On a ensuite passé de nombreuses années à écumer les scènes ouvertes de New York .
New York, c’est une ville où il y a une concurrence hip-hop énorme. Ça vous a poussés’
VM : Effectivement, à New York, la communauté hip-hop est énorme. Il y a des groupes à chaque coin de rue. Tu vas à Washington Square, et tu vois des mecs qui freestylent un peu partout, parfois même des mecs connus qui passent faire un tour. C’est un endroit où on a passé pas mal de temps’
VA : C’est à Washington Square qu’on a posé les bases de notre rap. Il y avait énormément de concurrence : des gens qui venaient de la rue, qui venaient d’écoles d’art. Chacun voulait prouver qu’il était le meilleur On s’est aussi pas mal produit au Poet’s Café, c’est un endroit mythique à New York. C’est downtown, dans le East-Side. On y allait tous les week-end, on grimpait sur scène, on prenait le micro, pour se faire un nom. On a fait ça pendant plusieurs années.
VM : Le Poet’s café est un endroit incroyable, dans lequel on a beaucoup appris. On y a rencontré des écrivains, des mecs qui faisaient du spoken word? C’était la folie !
VA : Quand on montait sur la scène, il y avait des gens partout, c’était plein comme un œuf. Tout le monde était saoul. L’ambiance était énorme, les lumières aveuglantes, une atmosphère hallucinante A chaque fois, il fallait se surpasser On faisait tout pour que notre nom reste dans la tête des gens, pour qu’ils comprennent qu’on avait le niveau, qu’ils nous respectent On était parfois un peu mégalos, on jouait aux samouraïs, mais ça faisait partie du jeu’ Parfois, à la sortie, les mecs qui s’étaient fait jeter par le public essayaient de t’empoigner, parce qu’ils étaient jaloux de ton succès’
Et comment avez-vous ensuite été atterri sur le label Def Jux ?
VA : On a rencontré El-P, la tête pensante du label, dans une soirée. On a sympathisé avec lui, on lui a donné une cassette, et il a beaucoup aimé notre musique C’est une grande fierté pour nous d’être sur un label comme Def Jux.
VM : Def Jux est un label très intéressant, chaque artiste poursuit son chemin, mais garde les oreilles ouvertes sur ce qui se passe autour de lui. On trouve des personnalités très différents sur Def Jux. Tout cela te donnes envie d’aller plus loin, d’expérimenter de nouvelles choses. Nous partageons tous une passion pour le hip-hop, mais cela n’empêche pas certaines personnes de se réclamer de Nirvana Voire même de Pearl Jam et d’Eddie Vedder (Rires)?
VA : Il faut aussi ajouter que les gens qui sont sur Def Jux, sont beaux, positifs, et que toutes les filles sont à leurs pieds’ (Rires)?
Tout le monde dit déjà de vous, après un album seulement, que vous que vous êtes l’un des groupes de hip-hop à venir les plus importants ? Ça vous met la pression ?
VA : La hype, on s’en bat, tu vois ce que je veux dire Moi, je vis ma vie, je vais toujours acheter mes cigares au magasin du coin’ (Rires)? J’aime toujours la femme que j’aimais avant la sortie de The Cold Vein, je lis toujours les mêmes comic-books, je regarde toujours les mêmes cartoons à la télé? Je n’écoute pas ce que les gens disent sur moi, je m’en branle. Je n’ai aucune pression’ J’essaie de rester simple et honnête, d’être un bon musicien, de produire des bons lyrics?
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