On ne peut qu’aimer Green Day. Victime d’un énorme quiproquo depuis le succès planétaire de l’album Dookie, le groupe de Billie Joe Armstrong n’en finit pas de se prendre des gnons. Entre les haros de l’orthodoxie punk qui ne supporte toujours pas de devoir partager ses billes et les millions de quidams dont […]
On ne peut qu’aimer Green Day. Victime d’un énorme quiproquo depuis le succès planétaire de l’album Dookie, le groupe de Billie Joe Armstrong n’en finit pas de se prendre des gnons. Entre les haros de l’orthodoxie punk qui ne supporte toujours pas de devoir partager ses billes et les millions de quidams dont ils ne reverront pas l’oseille de sitôt, les trois morpions de Berkeley s’enfoncent doucement dans la haine ordinaire de leurs contemporains. Ce qui forcément nous les rend sympathiques. Certes pas exempt de tout reproche, Green Day n’a rien du vilain petit canard opportuniste ou du cynique suceur de boyaux du revival destroy. Les gamins, pas stars pour un sou, ont juste commis le crime de naître au bon moment, au bon endroit et de ramasser la mise. Ce n’était pas la peine de nous servir dare-dare un Dookie 2 le retour intitulé Insomniac, mais le faux pas justifiait-il de jeter les p’tits keupons avec l’eau du caniveau ? Réponse aujourd’hui : non. Les loustics tournent pop avec un aplomb inattendu. Même un optimisme bienveillant ne nous aurait pas permis d’imaginer ces Nice guys finish last, Worry rock ou Uptight aux mélodies fières et directes. Sans changer de fond en comble la formule gagnante de ses quatre précédents disques, Green Day y amalgame une jolie dose de sucreries. Disons qu’après avoir appris le rock’n’roll à l’école anglophone du Clash ou des Buzzcocks, ils en décortiquent maintenant la généalogie jusqu’aux chapitres Small Faces ou Beatles. Nimrod fourmille ainsi de petits hits nerveux et fruités, totalement dégraissés de toute prétention ou surcharge heavy. Juste d’élégantes chansons, assidûment cantonnées du bon côté de la frontière qui sépare le simple de l’anodin. Billie Joe a toujours composé avec beaucoup d’humilité, mais désormais nous lui conférerions volontiers le statut d’un Paul Westerberg (Replacements) ou Peter Case (Plimsouls) en culottes courtes. A suivre donc. Vu la puissance des détracteurs de tout bord, faux alliés et vrais ennemis, on doute encore que cet album possède un semblant d’avenir. Le seul fait déjà entériné est que les garçons peuvent en être satisfaits. Et soigner en paix ces maladies contractées l’an passé dans le scepticisme et l’adversité. Hélas, la pugnacité fatigue les héros et n’immunise que les sots infatués.
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