Préparé par Patrick Vidal, Love trip fera sans doute changer d’avis ceux pour qui l’Allemagne reste le terreau de la techno la plus hardcore et primaire qui soit. Echantillon de la nouvelle scène locale, marquée par la house et le trip-hop via les représentants de deux labels essentiels (Infracom et Compost), cette compilation propose une […]
Préparé par Patrick Vidal, Love trip fera sans doute changer d’avis ceux pour qui l’Allemagne reste le terreau de la techno la plus hardcore et primaire qui soit. Echantillon de la nouvelle scène locale, marquée par la house et le trip-hop via les représentants de deux labels essentiels (Infracom et Compost), cette compilation propose une ambiance définitivement cool. Tout juste notera- t-on un brin de dissonance sur Mosalk de Kosma, bossa synthétique qui n’aurait pas détonné sur Headz, les tables de la loi façon Mo’Wax. L’acid-jazz n’a pas non plus été oublié, comme en témoigne la dualité acoustique/électronique de Mad Club Disease qui rehausse sa house atmosphérique de percussions ou Kosma qui pratique ici un groove gainsbourgien seventies. Plus loin, Shantel ravit les oreilles qui, indulgentes, oublient un pénible texte français avec La Mouche lumière, aux claviers onctueux. Real cool, adorable petit bijou de deep-house signé Kristo, résume bien la situation : Love trip est un disque parfait pour les réveils en douceur même si sa langueur finit par démanger.
Saluons le goût de l’aventure qui guide Mark Jones, le patron du label Wall Of Sound qui, au lieu de spéculer sur le succès programmé de ses Propellerheads, donne ici leur chance à dix débutants. Si aucune révolution ne se profile à l’horizon ces dix outsiders se réclament principalement de la scène big beat et des Chemical Brothers en particulier , ces dix trublions ont gardé de leur influence majeure le principal axiome : qu’importe le manque de (re)tenue, pourvu qu’il provoque l’ivresse des sens. Un conseil ici soigneusement appliqué, jusqu’à la déraison : les frontières entre les genres éclatent, à grandes rasades d’orgue forcené ou de breakbeats sauvages. Mr Natural, en dilettante courageux, ose ainsi mélanger percussions tibétaines et acid-house sur Dalaï beats tandis que l’alchimiste de haut vol Sloop John Barillo choisit une guitare hendrixienne pour relever son titre atmosphérique, Big rock. Syncromesh et Scare-Electric, en élèves inspirés, commettent même deux brûlots dignes d’Exit planet dust. Parmi toutes ces réussites, Wide Receiver et son Daylight robbery pataud montrent que le bordel organisé ne peut tenir de recette : si l’audace n’est pas au rendez-vous, les machines tournent à vide.
Vincent Brunner
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