Sur son premier essai instrumental, l’homme de l’ombre d’IAM transgresse les frontières pour un voyage sans jet-lag. C’est une équation dont l’inconnue risque de le rester longtemps, un défi constant à l’arithmétique. A chaque envolée solitaire des membres d’IAM, la notion de collectif, de mise en commun prend tout son sens. Constat réjouissant : le […]
Sur son premier essai instrumental, l’homme de l’ombre d’IAM transgresse les frontières pour un voyage sans jet-lag.
C’est une équation dont l’inconnue risque de le rester longtemps, un défi constant à l’arithmétique. A chaque envolée solitaire des membres d’IAM, la notion de collectif, de mise en commun prend tout son sens. Constat réjouissant : le groupe de rap marseillais, finalement moins riche que ses composantes, est loin d’être égal à la somme des individualités qui le constituent. C’est donc maintenant au tour du discret Imhotep de se révéler en solo aussi pertinent que ses compères mais sur un terrain nettement plus singulier.
Sur Blue print, celui qui revendique le statut d’architecte sonore franchit le pas et s’avère également un fier bâtisseur. Il n’échafaude pas uniquement des plans mais les concrétise, donne dans le solide, le fait pour durer, s’inspirant pour les fondations de cultures millénaires. Parce qu’il en est le seul maître, Imhotep prend ainsi le temps de fignoler les détails de son ouvrage, multipliant les esquisses pour en tester la résistance, aussi soucieux des matériaux utilisés que de l’harmonie globale. Sans voix mais sûrement pas sans foi rarement un disque muet n’en aura autant révélé sur son auteur , Blue print est la matérialisation grandeur nature d’un carnet de croquis intime. Comme dans une course-poursuite menée littéralement tambour battant, ses fins instrumentaux sont liés entre eux comme s’ils étaient les différentes ruelles de la même ville imaginaire, une ville qu’Imhotep nous ferait visiter, le pas sûr et déterminé. Au contraire de son illustre prédécesseur et homonyme, il préfère aux pyramides hermétiques les façades ouvertes et les constructions à taille humaine.
Ce premier essai ne sent jamais le renfermé, il respire à pleins poumons l’air du voyage, du dépaysement, le vrai, pas celui des ghettos de luxe des clubs de vacances. Que le mixage du disque ait été réalisé au Maroc ne constitue pas un artifice publicitaire bénin, tellement Imhotep en a capté des souvenirs impressionnistes clameurs des souks, sonorités traditionnelles et autres fragrances locales. En ces temps de métissages forcenés, il pratique une fusion naturelle des musiques arabo-andalouses et du hip-hop, un hip-hop qui aurait beaucoup voyagé le détour par le désert de Saharah shuffle , changé de passeport, mais resterait toujours une musique de rues. Car cet album possède ses propres frontières, larges, généreuses et repoussables à l’envi. Moins porté sur les bagues en or que sur la valeur spirituelle de l’Orient, Imhotep est tout sauf un pilleur de tombes ou un voleur de couleurs locales. Loin du dépliant touristique, Blue print sonne souvent très solennel, inventant des musiques de cérémonie inédites aux propos graves toujours gracieux les nuages dans le ciel de Give peace a chance, le réalisme de Still a war in the East. On hantera longtemps ces lieux impossibles, auxquels le temps accordera autonomie et pérennité.
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