Dans le cadre d’une 7e édition pléthorique du festival lyonnais, la découverte de la cinéaste soviétique Larissa Chepitko.
Dans le programme concocté par Thierry Frémaux et Maëlle Arnaud (Scorsese, Kurosawa, Duvivier, Pixar…), on a mis le cap sur une cinéaste russe méconnue dont les films sont inédits en France. Née en 1938, Ours d’or en 1977, épouse du cinéaste Elem Klimov, formée au VGIK et disciple d’Alexandre Dovjenko, Larissa Chepitko est décédée en 1979 dans un accident de voiture à 41 ans, laissant cinq films.
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On a vu Le Pays de l’électricité, moyen métrage dans lequel un jeune homme essaie d’installer l’électricité dans un village reculé après la révolution. Le film dépeint un présent révolutionnaire pas franchement radieux et fut interdit dans son pays. L’Ascension, son ultime film, celui primé à Berlin, montre deux partisans en fuite puis arrêtés par les Allemands. Captifs, ils s’opposent : l’un ne lâche pas la résistance pure et l’autre collabore pour sauver sa peau. Filmée en noir et blanc dans les paysages enneigés de la taïga, la première partie est plastiquement sublime. La seconde partie, en laquelle on peut voir une critique indirecte du régime soviétique, confronte un peu théâtralement et solennellement l’idéalisme et le calcul cynique.
Film sociétal et romantique
On a préféré Les Ailes, portrait d’une ex-héroïne de l’aviation soviétique qui dirige une école, vit seule et peine à comprendre la jeunesse. On découvre qu’elle ne s’est jamais remise de la perte de son grand amour, un collègue pilote abattu au combat. Film sociétal et romantique, portrait féminin et féministe, Les Ailes nous embarque en faisant passer l’amour absolu avant le patriotisme, la guerre et les honneurs. Plus russe que soviétique, Chepitko possédait la fibre lyrique et stylistique de ses illustres compatriotes cinéastes, particulièrement saisissante quand elle filmait les visages et les paysages.
En marge du festival a été inaugurée la Ciné-Fabrique, école de cinéma gratuite, ouverte à tous et particulièrement à la diversité sociale (par leur simple présence, les jeunes membres de la première promotion infirmaient les délires à la Morano), préparant les étudiants aux divers métiers du cinéma. Présidée par Abderrahmane Sissako, dirigée par Claude Mouriéras, soutenue par le CNC et les divers échelons politiques rhônalpins, cette nouvelle institution prouve que les choses bougent parfois dans le bon sens, à rebours des fractures et du pessimisme ambiants.
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