Elle arrive, l‘Apocalypse ! Je vous le répète depuis des semaines, mais là, hauts les cœurs, on y est ! Le déluge sacré s’est abattu sur le monde pourri. Sandy, rebaptisée Frankenstorm (spécial Halloween : BOUH !), est la suite logique de la fin du monde entamée deux ans plus tôt (hiver 2010) sur les USA avec Snowmageddon. On […]
Elle arrive, l‘Apocalypse ! Je vous le répète depuis des semaines, mais là, hauts les cœurs, on y est ! Le déluge sacré s’est abattu sur le monde pourri.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sandy, rebaptisée Frankenstorm (spécial Halloween : BOUH !), est la suite logique de la fin du monde entamée deux ans plus tôt (hiver 2010) sur les USA avec Snowmageddon. On y est ! Le pire est réalisable, le pire s’est réalisé, le pire est au JT. On est passé d’anticipation à réalité comme dans un livre de Jules Verne où un film que l’on déclasse de film d’horreur à film dramatique, considérant alors que le scénario est probable. La catastrophe devient constante. Et devant ses images de désolation, je me rends compte que je ne suis préparée à rien. Ni au train-train d’une vie rangée, ni aux amants de passage mesquins, ni à demain. Alors de là à me préparer à la fin du monde…
A tort ! me répondront ceux qu’on appelle les « preppers », les survivalistes. Tous ceux qui se préparent à l’ultime danger en empilant dans des abris sous terres des conserves de haricots (vision de surconsommation que Warhol n’aurait pas détestée), souriant avec un profond sentiment d’accomplissement. Eux veulent résister. Eux veulent survivre. Ils sont les « missionnés » souvent très religieux, des Noé en puissance.
Documentés sur survival blog qui compte tout de même 260 000 visites/semaine, ou par survivalist.com, ou encore par l’avatar français survivre.com, ils y apprennent des astuces et techniques diverses qui vont de l’assainissement de leur abri à l’autodéfense contre tous les méchants. Ils sont comme le héros de Kafka dans le livre Le Terrier (inachevé et posthume ; 1923) qui entreprend des démarches désespérées pour se construire une demeure parfaite, qui l’aiderait à se protéger de ses ennemis. Ils ont ce qu’on appelle depuis 1976, date du best-seller éponyme de Richard Dawkins : Le Gène égoïste. Ce gène qui ferait de nous des machines à photocopier en l’absence de toute évolution extérieure. Ces preppers qui s’enferment sont de ceux-là. De ces illuminés qui s’enferment et stagnent.
Dans un bunker où se côtoient pêle-mêle : les enfants, les bouillons cube par milliers, la grand-mère, les jerrican aux M3 cube de flotte, le désalinisateur, le bœuf séché, les pastilles de purification d’eau, les allumettes de survie-tempête, les barres énergétiques, le kit médical, le doudou du dernier, les batteries à pédales, les matelas à ressort, les bâtons lumineux, les lampe torche, couteau, machette, allume-feu, pierre à feu, réchaud pliant, radio, boussole, carte militaire, mousquetons, cordes ultra-solides, masque à gaz, lunettes à vision de nuit, nourriture lyophilisée, détecteur de radiation, pilules de potassium et ennui.
http://www.youtube.com/watch?v=1B6VleLDh0I
Car oui, après avoir répété l’évacuation d’urgence avec leur chronomètre (les 20 premières minutes sont essentielles, sachez-le) à maintes reprises, les voici finalement dans leur trou pour des semaines.
Baignés par la lumière grise d’un néon qui hésite sans fin entre s’éteindre et s’allumer, ils se désolent d’attendre, supportant de moins en moins les vicissitudes d’une vie repliée sur les autres, rejouant Huis clos de Sartre, ou plutôt Le Loft (illustration d’un lofteur s’ennuyant) pour les idiots. Ils survivent, oui. Ils survivent dans leurs cachots, sous la croûte de pollution d’une humanité éradiquée. Aplatis nerveusement sous leurs grattes ciels qui se sont ratatinés en trois minutes sur eux. Ils survivent dans de la crasse et des haillons de gilets polaire, lascifs, oisifs. Ils macèrent au fond, sous les éboulis, dans un bruit de tuyauterie sourde. Il y a des larmes dans la barbe du père et la bible a servi de papier toilette. Ils n’ont même plus de rêves qui leur poussent par-delà leurs cheveux pleins de poux, vu qu’ils ont barricadé la porte qui mène ailleurs.
Et que la mousse recouvre leur cachette et que leurs squelettes se craquent sous leur dépression atomique, moi je dis !
Alors c’est pourquoi je m’adresse à ceux qui veulent survivre (on estime à 0, 01% de la population survivante en cas d’apocalypse atomique, soit 6500 Français), oui, je vous pose la question : Pourquoi survivre, puisque ce serait pour vivre dans la mort ?
{"type":"Banniere-Basse"}